Il y a quelques années, c'était Al-Qaïda et son chef, Oussama Ben Laden, qui inquiétaient au plus haut degré les Etats à travers le monde, principalement les USA. Aujourd'hui, c'est le groupe Daech, à sa tête celui qui se proclame calife du nouvel «Etat islamique», Abou Bakr el-Baghdadi, qui fait trembler les plus puissants. D'autres groupes terroristes s'ajoutent à la liste, à l'exemple de Boko Haram, dans le nord du Nigeria, et le front Al-Nosra, en Syrie, et d'autres encore, jusqu'aux nombreuses milices qui s'entretuent en Libye. Les organisations terroristes s'affirment davantage. Leur force de frappe est inestimable. Elles sont bien alimentées en armements, bien financées. Les nouvelles technologies de l'information et de la communication aidant, avec la complicité des politiques et des financiers «pervers», en plus de la collaboration étroite avec les organisations criminelles et les groupes maffieux spécialisés dans le trafic d'armes et de drogues, elles arrivent «facilement» à recueillir des fonds. Le groupe Daech, particulièrement, terrifie le monde. Dissident d'Al-Qaïda, il est accusé de commettre les pires atrocités. Il compte plus de 12 000 djihadistes étrangers, de 50 nationalités, en dehors de ceux de Syrie et d'Irak. La menace est mondiale, elle est à prendre très au sérieux. Le 15 août dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, à l'unanimité, une résolution visant «à empêcher le recrutement et le financement des djihadistes en Syrie et en Irak». Il ne s'agit pas d'opérations militaires mais principalement de mesures qui consistent à contrôler les mouvements de fonds. Le transfert légal et illégal d'argent. En somme, tout le circuit financier. Plus concrètement, le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé de geler les avoirs des présumés grands terroristes du groupe Daech -désignant des noms bien précis- et leur a interdit tout voyage. Un contrôle rigoureux est imposé sur les transactions financières au niveau des banques suspectes. Cette procédure, les USA l'ont déjà engagée il y a des années. «Le texte est placé sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies, ce qui permet de recourir à des sanctions, voire à la force, pour le faire appliquer mais n'autorise pas pour l'instant d'opération militaire», précise un communiqué du Conseil de sécurité de l'ONU. De leur côté, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) ont rejeté, le mois de juin dernier, «sans ambiguïté et avec insistance, le paiement d'une rançon, en cas d'enlèvements perpétrés par des groupes terroristes ainsi que l'octroi de concessions politiques aux terroristes». Ils considèrent que «les groupes terroristes utilisent l'argent qu'ils se procurent grâce aux enlèvements pour renforcer leur capacité opérationnelle, se livrer à des trafics illégaux, recruter de nouveaux membres et acheter des armes et de l'équipement en vue de lancer et de planifier de nouvelles attaques». Ce qui est loin d'être faux. L'Algérie qui, durant des années, a lutté seule contre le phénomène du terrorisme, est la première à lancer la campagne contre le paiement de rançons. Trois diplomates algériens sont les otages des groupes terroristes maliens depuis plus de deux ans, et l'Algérie refuse d'enfreindre ce principe. C'est une question de souveraineté nationale, soutiennent les responsables politiques. Contrairement à l'Algérie, des pays européens prétendent soutenir ce principe mais ils ne l'ont pas appliqué. Des otages français, allemands et anglais n'ont été libérés que grâce au paiement des rançons exigées. Ce qui encourage les terroristes à continuer dans ce jeu malsain. Un rapport du Groupe d'action financière (Gafi) -organisme intergouvernemental indépendant dont la mission est d'élaborer et de promouvoir des politiques pour protéger le système financier mondial contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, ainsi que la prolifération des armes de destruction massive- daté de l'année dernière (2013), confirme qu'à l'origine de la montée en puissance des groupes terroristes dans l'Afrique de l'ouest, il y a les financements légaux et illégaux. «Les groupes terroristes de Afrique de l'Ouest dépendent de sources de financement diverses et privées et exploitent la mondialisation et les avancées technologiques dans la collecte, le transfert et l'utilisation de fonds pour leurs activités. Plus important, les groupes terroristes ouest africains cherchent à financer leurs activités à travers des produits tirés d'activités criminelles, y compris le kidnapping et le trafic de stupéfiants.» K. M.