La rentrée sociale s'annonce chargée sur tous les plans. Outre les différents textes législatifs programmés pour les prochains mois, ce qui va assurément capter l'attention de l'opinion publique sera sans nul doute la prochaine loi de Finances 2015, qui a déjà fait couler beaucoup d'encre bien qu'on ne connaisse pour le moment que ses grandes orientations. Le projet de loi, décortiqué analysé et commenté par la presse, promet un débat chaud à l'Assemblée populaire nationale (APN), où l'on annonce également la présentation du rapport de la Banque d'Algérie sur la situation économique du pays. Ces deux documents permettront, et promettront, à coup sûr d'offrir aux députés des éléments de réponse, d'analyse de la politique économique du pays qui entame sa première année du nouveau plan quinquennal. Que propose, donc, le projet de loi de Finances 2015 ? En termes de cadrage macroéconomique, le texte, qui devrait être adopté en Conseil des ministres cette semaine, prévoit une croissance économique de 3,4%, un taux inférieur aux prévisions du FMI et de la Banque mondiale, lesquels le situe à respectivement 4,1% et 3,5%. Le taux d'inflation, actuellement en baisse, devrait se situer aux alentours de 4 % alors qu'il est actuellement à moins de 2% et était de 3,5% à fin 2013. Le projet prévoit aussi une augmentation des dépenses qui passeront à 8 858,1 milliards de dinars, en hausse de 15,7%, et des recettes, estimées à 4 684,6 milliards de dinars (1 722,9 milliards de dinars en produit de la fiscalité pétrolière et 2 961,7 milliards de dinars en fiscalité ordinaire). Les importations des marchandises augmenteront aussi de 6,2% par rapport à 2014 pour se stabiliser à 65,44 milliards de dollars, et les exportations d'hydrocarbures connaîtront une hausse de 3,68%, à 66,02 milliards de dollars. Le déficit budgétaire sera ainsi de l'ordre de 4 173,4 milliards de dinars, représentant 22,0% du PIB. Le texte prévoit également «une plus-value à verser dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) de l'ordre de 2 634,2 milliards de dinars en 2015». La fiscalité ordinaire progresserait de 13,0%, pour se stabiliser à 2 961,7 milliards de dinars en 2015. Cette croissance est expliquée par la hausse des produits des contributions directes (+8,5%), des impôts sur les affaires (+11,1%), des produits de douane (+8,9%) et des contributions au budget de l'Etat ainsi que des revenus des participations de l'Etat de 43,1%. A la première lecture de ces chiffres, il ressort qu'encore une fois les dépenses publiques vont augmenter l'année prochaine, à l'effet d'assurer notamment les besoins des différents programmes d'investissements publics. Une tendance qui suscitera certainement des critiques de la part des députés d'autant plus qu'ils auront également à éplucher les chiffres de la Banque d'Algérie sur la situation monétaire du pays. Cette dernière institution avait déjà publié la note de conjoncture du premier trimestre 2014, caractérisée par la persistance de certaines tendances qui prêtent à inquiétude, dont la baisse des exportations des hydrocarbures. Le gouvernement affirme, en revanche, que le projet de loi de Finances de 2015 entend garantir une «efficience» dans les dépenses. L'autre sujet phare en étroite relation avec les dépenses, n'est autre que l'abrogation du fameux article 87 bis, dont l'incidence financière n'est pas encore évaluée, du moins pour le secteur privé. Toutefois, des économistes parlent de plusieurs milliards de dollars. Ce qui va à contre-courant d'un certain nombre d'orientations économiques. En évoquant ces dernières, le monde des affaires reste attentif à la nouvelle mouture et aux amendements qui seraient apportés au code des investissements finalisé par département de l'Industrie. Le ministre de l'Industrie avait fait état en fait d'une «révision profonde» du texte dans l'objectif d'améliorer le climat des investissements, mais aussi l'attractivité du pays en la matière. Sur ce chapitre, l'on se pose des questions sur les mesures à prendre pour mettre fin aux lenteurs bureaucratiques et d'une administration «figée». Parallèlement à cette révision, l'on s'attend à connaître le sort réservé au chantier de la restructuration des Sociétés de gestion des participations (SGP) de l'Etat et la création de groupes industriels. De nombreux autres dossiers sont au menu de cette rentrée qui affiche déjà la couleur avec une épidémie qui ronge le secteur agricole, et particulièrement l'élevage bovin, et une instabilité régionale qui réserve des surprises au marché énergétique. Des signaux auxquels il faudrait faire mille et un calculs. S. B.