Le football féminin, ou soccer féminin, suit exactement les mêmes règles que le football pratiqué par les hommes. Toutefois, bien qu'il soit pratiqué depuis près de trois siècles, il est, de nos jours encore, très loin de posséder le même statut que son homologue masculin. En effet, les femmes jouent au football depuis la fin du 19e siècle en Angleterre et en Ecosse. Le 23 mars 1895, sous la houlette de Nettie Honeyball, un match de prestige opposant Londres du Nord et Londres du Sud est organisé à Crouch End, Londres. Les Nordistes s'imposent 7-0 (ou 7-1 selon les sources). Le 30 septembre 1917 se tient le premier match de football féminin disputé en France. Ce match met aux prises deux équipes du Fémina sport (club omnisports féminin fondé à Paris en 1912). Les clubs parisiens mettent en place le premier championnat juste après la Première Guerre mondiale. Cette compétition s'ouvre aux clubs de province à partir de la saison 1920-1921. Les recettes sont telles, que les joueuses sont rémunérées via la pratique de l'amateurisme marron. Le premier match international entre une formation anglaise de Preston, les Dick-Kerr's Ladies, et une sélection des meilleures joueuses françaises a lieu le 29 avril 1920. Ce match déplace plus de 25 000 spectateurs à Manchester. La France gagne 2-0 et boucle cette première tournée anglaise avec deux victoires, 1 nul et 1 défaite. Les Anglaises se déplacent en France en octobre 1920 avant de jouer un match devant 53 000 spectateurs à Goodison Park. Le poids des mentalités rétrogrades Mais ce premier essor est brisé le 5 décembre 1921 quand la Football association interdit le football féminin. La réaction des footballeuses est immédiate : cinq jours après l'interdiction de la Football association, une ligue féminine est fondée. La situation est comparable en France avec la Fédération des sociétés féminines sportives de France (Fsfsf) qui gère le football féminin en dehors du cadre de la Fffa. Mais le sort se met de la partie. Le décès, en 1926, d'une joueuse, C. V. Richards, pendant un match sert le camp des tenants de l'interdiction dont il renforce la position et qui ne manqueront pas de l'exploiter. Bien avant l'accident, ils avaient déjà annoncé la couleur et les anti football féminin trouvent un bon appui chez Henri Antoine Desgrange (1865-1940), champion cycliste, dirigeant sportif, créateur du Tour de France et journaliste de la revue L'Auto qui n'y va pas par quatre chemin pour dire dès 1925 sa totale désapprobation et opposition à cette idée que des femmes foulent le gazon d'un stade en présence d'un public. «Que les jeunes filles fassent du sport entre elles, dans un terrain rigoureusement clos, inaccessible au public : oui d'accord. Mais qu'elles se donnent en spectacle, à certains jours de fêtes, où sera convié le public, qu'elles osent même courir après un ballon dans une prairie qui n'est pas entourée de murs épais, voilà qui est intolérable !», écrit-il. Les opposants au football féminin auront finalement raison de lui. Le championnat de France où brilla notamment le Femina Sport, s'arrête en 1933. Pourtant favorable au sport féminin, le Régime de Vichy «interdit rigoureusement» la pratique en 1941. Le football est jugé «nocif pour les femmes». On poussera l'imbécilité et la duperie jusqu'à convoquer les sciences. On trouvera des pseudos spécialistes qui développeront le discours médical idoine qui expliquera que les femmes sont morphologiquement, biologiquement ou simplement psychologiquement inadaptées à cette pratique sportive et à la compétition. Dès lors, le football féminin se met en veilleuse. Sa pratique reste marginale, discrète jusqu'à la deuxième moitié des années 1960 où on assiste à sa résurrection. En 1969-1970, les fédérations anglaise, française et allemande reconnaissent le football féminin. On recense 2 170 licenciées à la FFF pour la saison 1970-71, puis 4 900 la saison suivante. Une première Coupe d'Europe est organisée en 1969. Cette Coupe met aux prises l'Angleterre, le Danemark, la France et l'Italie. Le football féminin n'étant toujours pas reconnu officiellement par la Fifa et l'Uefa, cette compétition est «non officielle». Au niveau mondial, la première Coupe du monde est jouée dès juillet 1970. Ça sera aussi une compétition «non officielle». Les compétitions «non officielles» s'enchaînent et finissent par infléchir l'opposition et l'intransigeance des instances officielles. L'Uefa (1984) et la Fifa conviennent, en 1991, qu'il faut mettre en place des compétitions plus «officielles» comme une Coupe du monde de football féminin et un Championnat d'Europe de football féminin. La modernité dans la pratique à petits pas Ça y est, le décor est en place. Dès cette officialisation, on passe à la mise en place du cadre organisationnel et compétitif. Des compétitions calquées sur le modèle masculin avec des championnats nationaux, des épreuves internationales de clubs et d'équipes nationales sont programmés. En Europe, la discipline et ses activités sont encadrées par les fédérations nationales tandis qu'aux Etats-Unis c'est le sport scolaire et les universités qui rendent possible cette évolution. L'adoption, le 23 juin 1972, du Title IX permettant de financer le sport féminin scolaire et universitaire américain est déterminante. Le football féminin en profite pleinement même si la pratique à haut niveau se limite seulement à quelques universités américaines : North Carolina Tar Heels au premier chef. Disposant d'une base de joueuses considérable de plusieurs millions de pratiquantes (plus que toutes les nations de l'Uefa réunies), on voit émerger une équipe nationale américaine de premier plan qui remporte deux Coupes du monde, en 1991 et 1999, quatre médailles d'or et une d'argent lors des cinq tournois olympiques (1996-2012). Contrairement à sa version masculine, le tournoi olympique féminin met en présence les meilleures formations, sans conditions d'âge et s'impose dès sa première édition en 1996 comme l'un des rendez-vous majeurs du calendrier. L'Europe et l'Amérique du Sud ne sont pas en reste et s'activent pour mettre en place le cadre qui permettra au football féminin de se développer et de briller. Pour ce faire, ils reproduiront également les mêmes schémas que ceux en application chez les hommes. Les fédérations mettent ainsi en place des compétitions nationales dont le niveau s'élève progressivement, puis intègrent à leurs sélections nationales une équipe nationale féminine. La Norvège, vainqueur de la Coupe du monde 1995 et deux fois championne d'Europe en 1987 et 1993, et l'Allemagne, quatre fois championne d'Europe de 1989 à 1997, en s'appuyant sur des bases de joueuses plus nombreuses, dominent la fin du 20e siècle. La Norvège connaît ensuite un net recul dans la hiérarchie suite à la montée en puissance d'autres nations comme l'Angleterre, la Suède et la France en Europe, le Brésil en Amérique du Sud et la Chine en Asie, tandis que l'Allemagne s'impose comme référence mondiale en remportant les Coupes du monde 2003 et 2007 et deux nouveaux titres européens en 2001 et 2005. Les Etats-Unis suivent un autre cheminement. Fidèles à leur philosophie extra- libérale, ils laissent le champ libre aux investissements privés qui financent clubs, écoles et universités. C'est ainsi que le premier championnat professionnel féminin, la Women's united soccer association (WusA), est mis en place en 2001. Huit franchises rassemblant les meilleures joueuses du monde, et pas seulement américaines, s'affrontent pendant trois saisons. A la fin de l'édition 2003, la Ligue cesse ses activités en raison d'importants déficits financiers. Ce championnat professionnel ne reprendra qu'en 2009 avec la Women's professional soccer. Depuis, les meilleures compétitions de clubs se disputent aussi en Allemagne, en Suède ou en Angleterre, où les joueuses évoluent sous le statut de semi-professionnelles. En France le statut de joueur fédéral (semi-professionnel) est autorisé pour les footballeuses à partir de 2009. L'Olympique lyonnais a pu ainsi constituer une équipe féminine professionnelle depuis l'incorporation de la section féminine du FC Lyon au sein de l'OL en 2004. Cependant, malgré ses avancées et ses exploits, le football féminin reste marginalisé par rapport aux autres disciplines, aussi bien masculines que celles féminines, mais admises comme telles (gymnastique, athlétisme, natation,...). A titre d'exemple, la demi-finale de la Coupe Uefa féminine à laquelle participait le club français de l'Olympique lyonnais n'aura droit qu'à une brève de moins de 70 mots dans le grand journal sportif français L'Equipe alors qu'une demi-finale de Coupe d'Europe des clubs champions impliquant un club français dans n'importe quelle autre discipline, (masculine ou féminine), bénéficie d'une plus large couverture, voire d'une ouverture en Une. Le football féminin a, certes, trois siècles d'histoire derrière lui, et encore de beaux jours devant lui, mais il n'a pas encore fini de se battre contre une mentalité multiséculaire qui place toujours la femme dans une position inférieure à l'homme, même si dans le discours on soutient mordicus l'égalité, la complémentarité et tutti-quanti. R. C. Source : wikipedia.org Les compétitions de football féminin