Il y avait vraiment de quoi redouter cette première confrontation contre le Malawi, troisième match de l'ère Gourcuff. Il y avait fort à craindre du côté de la fraîcheur physique de la sélection algérienne soumise à un véritable stress du déplacement. Qu'On en juge donc : onze heures de vol entre Alger et Blantyre, sans compter le temps de voyage supplémentaire pour les joueurs venus de différents pays d'Europe notamment. Trente-trois heures au total pour le seul Raïs M'bolhi venu, lui, des Etats-Unis, avec plusieurs escales. Ajoutez à cela la chaleur et la moiteur de la capitale du Malawi et le tableau des inconvénients pour la condition physique sera plus complet. Mais les Fennecs, globalement disciplinés, appliqués, intelligents et sérieux ont fait l'essentiel. C'est-à-dire, gagner leur match par deux buts à zéro, capitaliser neuf points, dominer leur groupe et assurer presque la qualification pour la CAN-2015. Les choses ne pouvaient pas mieux débuter pour le groupe du placide entraîneur breton Christian Gourcuff. En effet, dès la 9è minute, et sur coup de pied arrêté, le pivot de la défense algérienne Rafik Halliche catapulte victorieusement une balle de corner dans la cage du portier des Flammes du Malawi. Avant que Djamel Mesbah ne marque un second et dernier but presque anecdotique à un gardien maladroit qui s'est trouvé sur une balle des plus faciles. Les Algériens ont cependant fourni une seconde mi-temps, moins sérieuse et moins appliquée que la première, mais heureuse dans sa conclusion finale. Ils avaient, au fil des minutes, perdu la maîtrise du terrain, présentant par moments un jeu décousu, laissant souvent l'initiative du jeu à l'adversaire, se regroupant en défense et opérant en contres. Tout en laissant l'impeccable et rassurant Raïs M'bolhi faire ce qu'il sait faire le mieux : sortir le grand jeu dans les moments critiques qui furent assez nombreux lors de cette deuxième mi-temps. Mais l'essentiel n'était finalement pas là, l'important pour la sélection nationale était de remporter la troisième victoire de rang et pointer à la tête du groupe B des éliminatoires, avant de recevoir dans trois jours le même Malawi. Pour un assez probable quatrième succès d'affilée qui donnerait à l'Algérie 12 points et une qualification garantie pour la CAN-2015 au Maroc ou ailleurs au cas où la CAF déciderait de le confier à un autre pays, après la demande de report de la compétition formulée par le gouvernement marocain. Cette victoire contre le Malawi, si elle est importante d'un point de vue comptable et sur le plan psychologique, ne peut pas servir de référence. Ni de moyen de mesure du niveau de jeu des Verts. Encore moins de juger déjà d'un style Gourcuff, d'une évolution du jeu de l'équipe par rapport à la sélection qui s'est comportée de manière admirable au Mondial brésilien. Il est vrai que l'adversaire du jour n'avait pas la taille et la carrure pour constituer un sparring-partner de premier choix. Certes le Malawi n'avait plus perdu chez lui un seul match depuis cinq ans, précisément depuis une défaite contre les Black-Stars du Ghana. Mais ce n'est tout de même pas un foudre de guerre. Jamais qualifié pour une phase finale de Coupe du Monde. Deux participations à la CAN, en 1984 et 2010, sans avoir jamais dépassé le seuil de la première phase. Avec toutefois un lot de consolation, une médaille de bronze aux Jeux africains de 1987. Et, détail, mais détail important quand même, aucun joueur malawien ne joue en Europe ou même aux Etats-Unis ou en Turquie, pas même dans un championnat de pays arabe. Sauf à considérer par ailleurs le championnat d'Afrique du Sud où opèrent de nombreux sélectionnés comme un championnat majeur. Mais ne boudons tout de même pas notre plaisir. Seule la victoire est belle. Et le succès contre le Malawi permet aux Fennecs d'avoir déjà un pied en CAN-2015. Car il suffit d'un seul point supplémentaire pour que l'Algérie y soit qualifiée, avec un total de dix points. Mais gageons que les joueurs algériens, qui ont un énorme potentiel et des qualités techniques et physiques indéniables, sauront faire beaucoup mieux que de n'obtenir qu'un seul point lors des trois prochaines confrontations avec les adversaires de leur groupe. Dont deux matchs à domicile et un déplacement à Bamako. Mais peut-être que Christian Gourcuff aura à cœur de faire un sans-faute et un record pour un début comme sélectionneur néophyte : faire carton plein en engrangeant dix-huit points. Ce serait pour lui et pour nous, le nirvana. N. K.