Les Africains, dans la synthèse du milliard d'habitants qui compose le continent, sont les populations les plus pauvres sur la surface de la terre. Des spécialistes disent que beaucoup de pays derrière la profondeur implacable du Sahara font dans l'essor économique et que l'institution qui parle et agit en leur nom et pour leurs intérêts, en l'occurrence, l'Union africaine, qui remplace la faignante et inefficace OUA, est en train de traiter les grands malaises de l'Afrique avec les éléments de la modernité, au lieu de la tradition diplomatique qui consomme les budgets de fonctionnement sans résoudre les problèmes. Depuis sa création officielle en juillet 2002 au terme du sommet de Durban en Afrique du Sud cette organisation prône comme objectifs essentiels la réalisation d'une grande unité entre les pays et les peuples africains et, entre autres, la promotion de la paix, la sécurité et la stabilité du continent, par le truchement de la pratique démocratique et la bonne gouvernance, mais aussi, dans le cadre de la coopération avec les nations du monde, la volonté d'«œuvrer de concert avec les partenaires internationaux pertinents en vue de l'éradication des maladie évitables et de la promotion de la santé sur le continent». Intéressant, ce terme de «pertinents» dans l'allusion à la relation de l'Afrique avec le reste du monde, la partie de la planète qui possède le savoir, la technologie et les capacités managériales. Mais aussi important, primordial, que de résoudre la problématique des conflits armés meurtriers, il y a aujourd'hui cette menace inéluctable du virus Ebola. Il prend foyer et fait des ravages au Liberia, en Guinée et en Sierra Léone, ayant déjà fait plus de 4 500 morts et l'épidémie risque de se propager dans l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest, dans le reste du continent et probablement dans les toutes les contrées du monde. C'est une extrême urgence, une situation d'état d'alerte de grande urgence. Les experts de la santé et des populations de l'UA avertissent et les responsables politiques de cette institutions ont sans aucun doute compris et mesurer l'ampleur du péril. Ils n'ont, certes, pas le droit d'intervenir dans les prérogatives de la Confédération africaine de football, cette structure sportive continentale est élue et mise en mouvement par le biais du processus démocratique. Et ses responsables du Bureau exécutif ne doivent référer qu'aux dispositions du règlement intérieur qui définit les feuilles de routes, les modalités officielles de l'exercice de ce sport dans le continent et la gestion des conflits et des impondérables. Difficile de savoir si les textes régissant la CAF prévoient un comportement particulier dans le cas de quelque catastrophe en cours dans un pays africain durant une grande compétition, impliquant des nations et leurs déplacements vers un lieu donné. Par exemple une redoutable épidémie qui se développe avec virulence et que le savoir médical ne trouve pas encore de solution pour la soigner ni pour stopper son avancée, c'est-à-dire qu'il n'existe pas de soin spécifique et de vaccin pour prémunir contre la contamination. Le Maroc qui doit organiser la trentième édition de la Coupe d'Afrique des Nations, en janvier-février, très fier de cette aubaine au début – pour le prestige et tout le reste médiatico-commercial - il se met, ces derniers jours, à carrément appréhender cette manifestation. Les autorités chérifiennes ne demandent rien à la CAF pour l'instant, mais d'aucuns estiment la situation en faveur de l'inquiétude de Rabat. Le Maroc a réalisé dans l'exercice touristique de l'année passée un record de visites d'étrangers dans ses territoires jamais égalé : plus de 10 millions de touristes en une année, qui place le royaume dans la liste des grands pays accueillant les étrangers en villégiature – sachant quand même que presque la moitié des voyageurs est constituée des ressortissants marocains vivant à l'étranger. Il devient avec l'Egypte le plus grand pays touristique d'Afrique, dont le produit dans la marge du PIB est de plus de 12% en générant quelque 1,5 millions d'emplois – mais ce n'est pas seulement cette «transhumance» due aux joutes footballistiques qui risque de menacer l'économie et la santé du royaume chérifien, depuis une bonne dizaine d'années les Marocains sont dans les affaires commerciales et financières avec les pays de l'Afrique de l'Ouest et des mouvements de va-et-vient s'opèrent en permanence entres les grandes métropoles marocaines et les capitales dans cette région du continent noir. En tout cas le danger est colossal quels que soient l'envergure d'une compétition sportive et ses enjeux attendus. Qu'on le veuille ou non, Ebola, aujourd'hui, dépasse la compétence de la CAF. Les garants des prérogatives de cette respectable institution ont le devoir d'aller s'asseoir à une table de discussion avec les responsables attitrés de l'Union africaine. Afin de sérier dans les urgences. De saisir la part sérieuse du ludique et de la maladie qui anéantit. N. B.