Les supporters de l'USM Alger menacent d'investir carrément la rue et de manifester devant le siège de la Ligue de football professionnel (LFP), en guise de protestation contre la sanction disciplinaire infligée au vice-président du club, Rebbouh Haddad. Ce serait, alors, un précédent grave qui risque de nuire sérieusement à l'ordre public. L'équipe de Soustara, qui cumule les revers au cours des dernières journées du championnat de Ligue 1 Mobilis, vit très mal son passage à vide. La galerie usmiste exerce une terrible pression sur les joueurs et le staff technique. Le nul concédé récemment à domicile face aux voisins du NA Hussein Dey, après une série de contreperformances, a profondément indigné les fans des rouge et noir qui réclament, désormais, des comptes aux responsables du club. Pour se justifier face aux médias, Rebbouh Haddad a attribué ce «semi-échec» de sa formation à l'arbitrage du trio Bessiri-Djilali-Berrachou, en chargeant au passage le président de la commission fédérale d'arbitrage, Khelil Hammoum. Qualifiant ses propos de «comportement antisportif», l'instance disciplinaire de la LFP a prononcé à son encontre une suspension de 6 mois, assortie d'une amende de 100 000 dinars. Une sanction, somme toute, conforme aux textes réglementaires régissant la compétition, mais qui a fortement déplu aux supporters du champion en titre, invoquant la non-sanction de dépassements similaires émanant des autres présidents de clubs de la L1et L2. Mais depuis la tragédie Ebossé, la FAF a promis de sévir contre les germes de la violence dans les stades. En effet, les déclarations enflammées des dirigeants, des techniciens et des athlètes entretiennent en permanence un climat de suspicion propice à toutes sortes de dérapages dans les tribunes. Le président de la JSK, Moh-Chérif Hannachi, qui a dernièrement accusé la FAF des déboires de son team, comparaîtra dans les prochains jours devant la même commission de discipline. Il risque, lui aussi, une sanction similaire à celle de son collègue de l'USMA. Seulement, la chose ne devrait aucunement débordé de son cadre strictement sportif. Impliquer de jeunes supporters dans des actions de rue, visant à contraindre la LFP à revoir ses décisions disciplinaires, est une démarche hasardeuse et à grand risque. D'ores et déjà, Rebbouh Haddad doit appeler ses «fans» au calme afin d'éviter un éventuel dérapage qui lui serait fatal, à lui personnellement et pour son club. Si toutes les équipes décident de faire de même, ce serait certainement l'anarchie. Les affaires de stade se règlent au stade. Si quelqu'un se sent lésé par un verdict disciplinaire, il y a évidemment des voies de recours comme le TAS (tribunal arbitral des sports) ou la Fifa. Inciter le public à sortir dans la rue s'apparente à une fuite en avant condamnable. Les clubs algériens sont, de l'avis général, mal managés. La majorité écrasante des présidents de clubs ignore les règlements de la FAF et de la LFP qu'ils enfreignent à chaque fois. Il est temps de mettre, une fois pour toutes, les acteurs concernés devant leurs responsabilités. Ce mauvais management suscite généralement le courroux de la galerie qui recourt à des actes répréhensible pour exprimer son «dégoût». Ceci sans s'étendre davantage sur les accusations inconsidérées et les contre-accusations à propos de combines, de matchs truqués et d'arbitrage corrompu. En matière de déontologie sportive, la FAF doit se montrer intransigeante. Il faut absolument moraliser, coûte que coûte, la discipline à travers la sanction exemplaire des déclarations incendiaires et les actes flagrants de mauvaise gestion. Incontestablement, une telle rigueur dans l'application des textes est de nature à réduire sensiblement la violence et à offrir au football algérien les bases saines nécessaires à son épanouissement. Ces menaces relatives à l'investissement de la rue ne doivent aucunement intimider les responsables de la FAF et la LFP qui, à leur tour, doivent montrer patte blanche. La loi doit prévaloir sur tout le monde. K. A.