De prime abord, il est utile de souligner que malgré les investissements massifs consentis par les pouvoirs publics au secteur de l'industrie mécanique durant les décennies 1990 et 2000, les résultats sont restés dérisoires par rapport aux besoins du pays. Ce n'est qu'à partir de 2010 qu'une autre stratégie a été décidée au profit de l'outil de production sous la coupe du holding public mécanique lequel est dominé par quatre grands opérateurs. Cette stratégie vise à soutenir le financement des projets d'investissement dans le secteur de l'industrie mécanique et à encourager le partenariat étranger. Il faut dire aussi que le but recherché à travers cette nouvelle orientation était de maintenir en vie vaille que vaille des entreprises en proie à des déficits abyssaux. Ainsi, et dans le volet soutien financier la Société de gestion des participations de l'Etat, SGP mécanique avait, à l'époque, un programme d'investissement de 41 milliards de dinars, dont les deux tiers sont déjà engagés. Ce qui a permis aux entreprises relevant du portefeuille de ce holding de voir leurs chiffres d'affaires augmenter. Pour la précision il est passé de 17 milliards de dinars (170 millions d'euros) en 2009 à 52 milliards en 2013 (520 millions d'euros). Il devrait, selon le ministère de l'Industrie, franchir la barre des 100 milliards de dinars (un milliard d'euros) en 2016. C'est le cas par exemple de la Snvi Rouiba qui fait partie de la quarantaine d'entreprises que regroupe la SGP mécanique. Cette dernière avait en effet bénéficié en 2010 d'un ambitieux plan d'investissement destiné à renforcer sa compétitivité et à consolider ses parts de marché. Concernant le volet partenariat, l'Etat avait demandé à la Snvi Rouiba, car conscient du riche potentiel de cette entreprise, de mener des pourparlers «serrés» avec des leaders mondiaux de l'industrie automobile, à l'instar de l'Allemand Volkswagen et du Français Renault, tous deux intéressés par l'implantation d'usines en Algérie (pour le cas de Renault lire papier ci-contre). Dans cette même perspective, la Snvi Rouiba avait été choisie pour prendre part à deux des projets que le ministère de la Défense nationale avait concluent avec le fonds émirati Aabar et l'Allemand Daimler Benz (partenaire technologique) pour fabriquer des véhicules industriels en Algérie. Ces deux projets, détenus à 51% par l'Algérie et 49% par le partenaire étranger conformément à la loi en vigueur, produiront annuellement, à compter de fin 2014, quelque 16 500 véhicules industriels, dont 15 000 camions, de marque Mercedes-Benz. Ils permettront, selon les estimations, de multiplier par cinq la production actuelle de la Snvi, qui a fabriqué plus de 2 000 véhicules en 2011, pour un montant global de 20 milliards de dinars. Toujours dans le cadre du partenariat dans l'industrie mécanique, il faut retenir que près d'une dizaine de nouveaux projets sont entrés en phase de production. Citons dans la foulée le démarrage en 2013 de l'usine de tracteurs à Constantine en association avec le Groupe américain Massey Fergusson, qui doit produire près de 5 000 unités/an. Un autre complexe industriel implanté à Tiaret a démarré le mois dernier et où il sera produit près de 8 000 véhicules tout-terrain/an. Par ailleurs d'autres projets importants relevant de la filière mécanique vont bientôt démarrer. On peut citer au passage l'unité de production de 25 000 moteurs/an de marque Daimler, Deutz et Mtu, le projet industriel pour la production de 500 engins de travaux publics (en partenariat avec l'Allemand Liebherr) et l'unité de production de moissonneuses-batteuses (1 000 unités/an) en partenariat avec une entreprise finlandaise. Retenons enfin qu'en parallèle aux projets lancés en partenariat avec des leaders mondiaux de la construction mécanique, sera lancé et mis en place un véritable réseau de sous-traitance. Du coup le taux d'intégration de l'industrie mécanique algérienne, devrait enregistrer dans les prochaines années une progression importante. Ce qui pousse à croire que l'industrie mécanique nationale va connaître à moyen terme une nette relance de ses activités. Z. A. Reprise de la pleine activité à la SNVI Rouiba À la faveur d'un plan d'investissement doté d'une enveloppe de 12,5 milliards de dinars et de plusieurs contrats de partenariat, la Société nationale de véhicules industriels (Snvi) s'attelle depuis 2010 à renforcer sa compétitivité et à renouer avec sa tradition d'entreprise exportatrice, notamment vers des pays africains. Pour l'heure, comme l'a indiqué le P-dg de la Snvi, Hamoud Tazerouti, en marge de la tenue dernièrement à Alger de la Conférence nationale pour le développement économique et social, l'entreprise continue à faire des efforts pour améliorer sa production et reprendre son niveau des années 1980 (plus de 6 000 véhicules/an). «Nous avions réussi à reconquérir le marché du Mali en décrochant en 2011 un contrat avec l'armée malienne, mais la situation qui règne dans ce pays a gelé la reprise d'activité», ajoutera-t-il. Toujours au chapitre des exportations, le P-dg précisera que «c'est le résultat d'un programme spécifique lancé en 2010 par la Snvi dans le but de reconquérir le marché international, après une longue absence qui remonte aux années 1990». Dans le cadre de son plan de développement, la Snvi Rouiba est en négociation avec deux carrossiers autrichiens en vue d'un partenariat pour la fabrication en Algérie de cabines de chargement pour Mercedes-Benz. Selon M. Tazerouti, grâce à ce partenariat, qui est à un «stade avancé de négociations», la Snvi fournira à l'usine Mercedes-Benz de Rouiba tous ses besoins en carrosseries portées (bennes, citernes...). Par ailleurs, la société est à la recherche d'un partenaire étranger avec qui elle projette de se lancer dans le segment des mini-trucks (véhicules de moins de 6 tonnes), car la Snvi compte abandonner cette gamme graduellement jusqu'à la disparation de ses chaînes de production à l'horizon 2018-2019. La Snvi a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 18,6 milliards de dinars, en hausse de 8% par rapport à 2012, et une croissance de la valeur ajoutée de 33% par rapport à la même période, et ce malgré une augmentation de 18% des frais du personnel. Elle avait produit en 2013 (véhicules tractés non inclus) 1 515 camions, 467 véhicules de transport de personnes, et 132 équipements tractés et carrosseries. Pour l'année 2014, la société compte augmenter son chiffre d'affaires à 24,2 Mds DA et accroître sa valeur ajoutée de 40%.