Nasser Hannachi Un théâtre, deux palais de la culture, une grande salle de 3 000 places, un palais des expositions à Zouaghi, un centre des arts, en phase de réalisation pour avril 2015, des cinémas fermés ou détournés de leur vocation,... c'est là une liste, non exhaustive, des infrastructures culturelles que Constantine compte. On peut y rajouter les annexes de la direction de wilaya de la culture, qui ambitionne de redonner à la région une vie artistico-culturelle dans moins de cinq mois en perspective de la manifestation «Constantine, Capitale de la culture arabe 2015», dont le coup d'envoi est fixé pour le 16 avril prochain. Tous les espaces d'expression sont en réhabilitation accélérée depuis presque une année. Une course contre la montre pour les livrer à temps est engagée. «Nous serons fin prêts à deux mois du démarrage...», affirment les gestionnaires du secteur et les collectivités locales. Du coup, la ville a dû «improviser» pour ne pas rater quelques programmes culturels entrant dans son agenda annuel, notamment les festivals du malouf, de la poésie et du jazz. Il a fallu faire montre d'imagination -mais avec quelques ratages en audience- pour ne pas geler ces manifestations. Les chantiers engagés dans la cité millénaire éclipsent considérablement les initiatives culturelles, quand bien même les organisateurs soutiennent mordicus le contraire pour se targuer d'avoir réussi le pari d'alimenter la ville en arts et cultures malgré les multiples réhabilitations. Certes, on a organisé des activités, mais leur impact s'est considérablement ressenti d'une municipalité à une autre. La gestion «administrative» qui caractérise l'organisation de manifestations culturelles devrait être revue, voire remplacée. La culture et les arts sont affaire de professionnels, à tous les niveaux. L'évènementiel a ses exigences et ses spécialistes, d'autant que les moyens n'ont jamais manqué à la trésorerie locale, contrairement à la ressource humaine. Consciente de cette lacune, la ministre de la Culture, Nadia Labidi, veut saisir l'occasion de la manifestation pour redonner un autre souffle aux espaces d'expression avec la mise en place d'une composante humaine qualifiée, autrement dit formée, et en perfectionnement continu. «Il faudra pérenniser l'action culturelle. Celle-ci devra se poursuivre au-delà de l'année 2015», dira Mme Labidi à Constantine lors de son bilan sur la portée réservée aux structures en réalisation. «L'après-2015 comptera beaucoup», insistera la ministre pour dire que l'évènement sera une occasion d'amorcer une nouvelle ère culturelle, ininterrompue. Pour réaliser cet essor, une ressource humaine qualifiée est nécessaire. Au moins 800 postes d'emploi permanents sont à pourvoir pour assurer la gestion des nouvelles infrastructures culturelles. C'est une aubaine pour introduire des compétences universitaires versées dans les arts et lettres, explique la direction de la culture. La salle Zenith, qui devra être baptisée prochainement au nom d'une illustre figure parmi les milliers que compte l'Algérie, devra être administrée par une équipe de spécialistes qui devront la gérer selon les normes internationales appliquées dans pareilles infrastructures. C'est une nouveauté pour Constantine. Les Chinois en charge du projet ont été sollicités par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pour parapher un accord avec les administrateurs pour garantir un accompagnement de trois années au profit des recrues algériennes. Une sorte de formation in situ qui vise le double plan réservé à l'évènementiel et à l'entretien des espaces. Pour ce qui est du Palais de la culture El Khalifa une autre équipe dirigeante devra être désignée. «Un directeur et son staff en plus des animateurs et éducateurs géreront les lieux en se conformant aux modes de gestion de ce genre d'organisme. Mais avec un nouveau regard sur le futur : Il y aura de nouveaux ateliers artistiques et didactiques», souligne un cadre de la direction de la culture. Quant au palais Malek-Haddad, il verra son staff déjà actif rejoindre les lieux. Et un renforcement de l'effectif est à prévoir étant donné la création de multiples aires dans l'édifice. Désormais, la capitale de l'Est sera dotée en infrastructures, en intra-muros comme en extra-muros, ce qui lui permettra la promotion de la culture avec tous ses segments. Le satisfecit est d'ores et déjà exprimé. Pour peu que l'essentiel suive. Autrement dit une culture de «qualité». N. H.