Encore une fois, les médecins généralistes du secteur public boudent le travail, aujourd'hui et demain, en guise de protestation contre un supposé refus de la tutelle de satisfaire leurs revendications. L'appel au mouvement de grève est lancé par leur syndicat, en l'occurrence le Snpsp (Syndicat national des praticiens de la santé publique). La protestation a commencé la semaine dernière par un seul jour de grève, mais le syndicat, par le biais de son porte-parole, Lyes Merabet, a annoncé son maintien (maintien de la protestation) pour les semaines qui suivront. Cela à raison de deux jours pour cette semaine, trois jours la semaine prochaine et quatre jours celle qui suivra. Suite à quoi une réunion du conseil national de l'organisation autonome aura lieu pour décider des suites à donner au mouvement si la tutelle campe sur sa position. Le conseil national pourrait décider d'une grève d'une semaine reconductible, autrement dit une grève illimitée au grand dam des malades et de leurs familles, de plus en plus nombreux à se plaindre et à dénoncer ces perturbations à répétition. Les citoyens en colère jugeant que les médecins sont assez bien payés pour se permettre de telles récidives qui ne servent aucune partie. Le syndicat et les praticiens, de façon générale, s'en défendent et défendent leur position et leurs revendications. Dans son dernier communiqué, publié sur le site web, le syndicat a démenti les informations faisant état d'un accord conclu avec la tutelle. «Le Syndicat national des praticiens de santé publique informe l'ensemble de ses adhérents qu'aucune réunion de conciliation n'a été programmée par le ministère de la Santé. De ce fait, les déclarations et autres communiqués émanant de la tutelle et ses relais traditionnels faisant état d'un accord conclu entre le Snpsp et le Msprh sont totalement infondés.» Et de poursuivre : «Le Snpsp réaffirme son attachement à sa plateforme de revendications, justes et légitimes, et appelle les praticiens de la santé publique à la mobilisation autour des résolutions du conseil national.» Les revendications du syndicat portent essentiellement sur la révision du statut particulier, ainsi que sur l'accès aux postes supérieurs (promotions). La revendication première dépend exclusivement du gouvernement. Ce dernier, comme c'était le cas pour l'Education nationale, a clairement affirmé son refus de satisfaire cette doléance par peur que cela affecte l'équilibre budgétaire. Les deux ministres de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, et de l'Education nationale, Mme Nouria Benghebrit, avaient affirmé leur disponibilité pour le dialogue et pour la prise en charge de l'ensemble des doléances exprimées. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lui aussi, s'était montré ouvert au dialogue et a même instruit ses services de prendre les mesures qui s'imposent dans l'objectif de désamorcer la situation. Il n'en demeure pas moins que pour cette histoire de révision du statut particulier et la grille des salaires, le refus est catégorique, du moins dans l'immédiat. Chose que les praticiens rejettent à leur tour. Le syndicat a prévenu plusieurs fois qu'il allait reprendre l'action protestataire, et avec lui d'autres syndicats du même secteur. Il s'agit particulièrement de ceux qui sont dans l'intersyndicale de la santé : le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), le Syndicat des psychologues (SPY) et celui des enseignants en paramédical. Ainsi, le conflit entre les syndicalistes et la tutelle est loin de s'arrêter. Bien au contraire, il se complique davantage. Comme toujours, c'est le citoyen qui en paie les frais. Cela s'ajoute à une véritable crise que connaît la majorité des établissements de santé à travers le pays, caractérisée notamment par la mauvaise gestion, la mauvaise organisation des services et la fuite de responsabilités. Les décès en série des parturientes et des nouveau-nés dans des conditions qui ne sont jamais élucidées, en sont l'une des conséquences. K. M.