Education nationale, santé, corps communs et autres secteurs d'activité vivent au rythme de la protestation depuis plusieurs semaines. Plusieurs secteurs se sont vus paralysés par un mouvement de grève illimitée ou périodique à l'exemple de celui de la santé dont les syndicalistes maintiennent leur grève de trois jours renouvelable depuis plus de deux mois. Des rencontres et des discussions ont été tenues, entre grévistes et tutelle mais vouées pour la plupart à l'échec grâce à une partie qui ne veut céder aucune de ses revendications et une autre qui maintient son niet à ces revendications. En conséquence, les hôpitaux sont souvent paralysés au grand malheur des malades peu satisfaits d'un service minimum assuré dans un climat d'anarchie. En dehors de la grève, certains établissements de santé sont toujours dépassés à défaut de moyens matériels et humains. En somme, une protestation qui ne dérange personne à part ce citoyen qui, pour sa part, comprend certaines motivations de cette situation mais a entre-temps besoin d'être pris en charge. Hélas, un nouveau communiqué de l'intersyndicale des professionnels de la santé (ISPS) annonce que la grève de trois jours sera reprise à partir d'aujourd'hui après que le ministère de tutelle a déclaré son incompétence à décider des changements des statuts particuliers de ces différents corps de la corporation des professionnels de la santé publique. Le ministre de la Santé a en effet déclaré, qu'il n'y aura «pas de révision du statut particulier et du régime indemnitaire», soit vingt-quatre heures à peine après le communiqué du MSPRH à travers lequel le département de M. Ziari affirmant que la plate-forme des revendications de l'intersyndicale n'est pas du ressort de la compétence du ministère de la Santé mais du gouvernement. Le ministre a toutefois réitéré la «disponibilité» de son département à «dialoguer avec tous les syndicats pour trouver des solutions appropriées qui satisfassent l'ensemble des parties concernées», invitant les syndicats du secteur à «bannir l'extrémisme et le jusqu'au-boutisme concernant des revendications impossibles à satisfaire». Une situation qui vire au pourrissement et qui n'est plus spécifique au secteur de la santé. L'éducation nationale vit aussi à ce rythme de débrayage depuis le début de l'année scolaire. Plusieurs grèves ont été observées, des cours séchés et des examens reportés alors que d'autres ont été maintenus sans que les élèves n'aient leurs résultats qu'au dernier trimestre. Plusieurs rencontres de dialogue ont eu lieu entre les représentants syndicaux et le ministère de tutelle mais qui semblent aussi vouées à l'échec. Pour le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), les discussions ont échoué parce qu'elles n'ont pas fait avancer la cause des professionnels du secteur. Le ministère a, cette fois aussi, soutenu que certaines revendications dépassaient ses prérogatives comme les primes du Sud et des Hauts-Plateaux ou encore, celles qui exigeraient un examen approfondi telle la révision des dysfonctionnements des statuts particuliers des travailleurs de l'éducation. Par ailleurs, une autre corporation continue de bouillonner, à l'instar de celle de la santé et des corps communs de la Fonction publique. Une situation de pourrissement qui a fait bouger, également, la population du Sud où les fonctionnaires de 23 wilayas ont tenu le 8 avril dernier une grève de trois jours à laquelle ont appelé plusieurs syndicats (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) et le Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap) et le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes). Il faut dire qu'il ne s'agit pas seulement de revendications de demandeurs d'emplois, mais aussi de travailleurs qui réclament une amélioration conséquente de leurs salaires et leurs conditions socioprofessionnelles. Cette revendication devenue nationale touchant l'ensemble des travailleurs ne semble pas la solution idoine pour le gouvernement qui n'hésite plus à afficher des problèmes d'ordre financier à plus d'un titre et la nécessité d'adapter les salaires à la croissance économique. Une situation démontrée clairement jeudi dernier par les déclarations de M. Djoudi qui assure pour l'heure l'impossibilité d'aller vers de nouvelles augmentations de salaires. Pour sa part, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a déclaré avant-hier à partir de Laghouat que «l'Algérie a certes quelques problèmes internes mais pas avec le degré de gravité que certains veulent faire croire». Il affirme, également, «qu'il faut rester enthousiaste et coopérer pour le développement du pays et que les jeunes sont appelés à faire montre de patience afin de poursuivre l'édification nationale». Trouvera-t-on des solutions adéquates et des réponses pertinentes à une situation socioéconomique de bouillonnement qui semble s'inscrire dans la durée ?