Un remaniement gouvernemental, en principe sans changement de Premier ministre, est dans les tuyaux. Il prévoit le remplacement de moins d'une dizaine de ministres et le regroupement de secteurs d'activités. Fil rouge de cet ajustement ministériel partiel, la recherche d'une meilleure efficacité et le souci de réduire la voilure et le train de vie du gouvernement. Quoi de plus normal en temps de crise pétrolière et de sombres perspectives financières. Mais à quoi pourrait bien servir un changement gouvernemental qui se ferait à la marge et qui ne serait finalement pas un changement de gouvernement ? Qui plus est sans changement du Premier ministre. A en croire les indiscrétions à ce propos, ce serait presque «on prend les mêmes et on recommence» ! Et si c'est avec à peu près les mêmes, ce serait alors pour quelle nouvelle politique, en dehors du classique «on applique le programme du président de la République» ? Des questions on en poserait encore à l'envi, comme de se demander encore si le Premier ministre de la dépense prodigue serait lui-même le Premier ministre de l'austérité financière ? En d'autres mots, la cigale des étés chantants, deviendrait-elle, en trois coups de cuillère à pot, la fourmi des temps de disette ? Abdelmalek Sellal, qui fut le Premier ministre du baril qui tutoyait les cimes des prix, deviendrait-il, par simple volontarisme, celui du brut des abysses financiers ? L'on doute fort alors qu'un dépensier aussi généreux que lui deviendrait subitement un Oncle Picsou. Mais, tout compte fait, et c'est même un truisme que de le répéter, à chaque phase son homme de situation. A la période d'opulence correspondait l'homme de la prodigalité budgétaire. Et ce fut Sellal. Aux temps d'austérité sévère qui s'annonce, correspondrait alors l'homme qui aurait le profil d'un père de famille très près de ses sous, qui penserait à la baguette de pain et oublie la poire et le fromage. Cet homme pourrait avoir les traits d'un Ahmed Ouyahia dont le profil psychologique et la carrure d'homme d'Etat froid le prédisposent à appliquer, avec détermination et sans états d'âme, les arbitrages financiers les plus sévères et les plus durs à assumer. Il se pourrait que ce soit un autre que le chef de l'Etat sortirait de son chapeau et qui aurait un profil analogue, avec l'avantage d'être nouveau. On le saura dans les semaines ou les mois à venir. En tout cas, au plus tard, après la révision de la Constitution. «La rigueur, c'est l'austérité plus l'espoir», disait Pierre Mauroy, qui fut en France le socialiste du «grand tournant de la rigueur» libérale et austéritaire de 1981. Rigueur, austérité et espoir, voilà donc le triptyque qui devrait présider à la désignation du futur Premier ministre des temps durs. Ouyahia ou un autre. N. K.