Figure historique de la gauche française pour avoir été le premier chef de gouvernement du président François Mitterrand, Pierre Mauroy est mort hier à 84 ans après avoir incarné un socialisme proche du peuple et ouvert sur l'Europe. Pierre Mauroy, Premier ministre de 1981 à 1984 et maire de Lille (nord) pendant 28 ans (1973 à 2001), avait été opéré d'une tumeur cancéreuse au poumon en avril 2012. Il avait été à nouveau hospitalisé dans la nuit du 1er au 2 juin dans un établissement de la région parisienne où il est décédé. Le président François Hollande a rendu hommage à Pierre Mauroy, en saluant «un homme qui a servi la France à des moments exceptionnels». Appelé à Matignon après l'élection de François Mitterrand en mai 1981, M.Mauroy avait dirigé un gouvernement comprenant pour la première fois depuis la Libération des ministres communistes. Il a mis en oeuvre d'ambitieuses réformes économiques, sociales et sociétales (hausse du salaire minimum, droits syndicaux, nationalisations de banques et d'industries, retraite à 60 ans, abolition de la peine de mort...) mais, devant la menace de faillite économique, il a assumé le «tournant de la rigueur» opéré en 1982-83, auquel s'est résolu à regret Mitterrand. Pierre Mauroy «a été décisif dans le fait de convaincre Mitterrand qu'il ne fallait pas sortir du système monétaire européen et casser l'Europe pour faire le socialisme dans un seul pays», a souligné l'ancien Premier ministre Michel Rocard, qui détint plusieurs portefeuilles dans les gouvernements Mauroy. En juillet 1984, Pierre Mauroy quitte Matignon après le retrait d'une loi instaurant un grand service de l'éducation incluant le secteur privé, combattue par l'Eglise catholique. Né le 5 juillet 1928 à Cartignies, dans le Nord auquel il restera fidèle toute sa vie, fils d'instituteur et petit-fils de bûcheron, Mauroy est nourri au lait du socialisme, bercé par le souvenir des grandes figures du socialisme français Jules Guesde et Jean Jaurès. A 16 ans, il adhère aux Jeunesses socialistes et ne quitte plus cette famille politique. Il soutient activement en 1965 François Mitterrand, candidat unique de la gauche contre le général de Gaulle à la présidentielle, et dirige sa campagne à la présidentielle de 1974.