L'un des plus illustres journalistes de la presse écrite algérienne vient de ranger définitivement sa plume. Abdelkrim Djaad, âgé de soixante-cinq ans, est décédé, hier, à Paris, à l'hôpital Cochin, des suites d'une longue maladie. Il a commencé sa carrière au quotidien El Moudjahid comme beaucoup de journalistes de sa génération, avant d'intégrer l'hebdomadaire Algérie Actualité, en tant que chef de la rubrique culturelle, ensuite comme directeur de la rédaction. Il était connu pour son verbe acerbe et concis dans ses éditoriaux et chroniques et très apprécié aussi de par son style fouillé et raffiné. Dans la période acquise à la liberté d'expression et à la presse indépendante, il crée, en 1993, avec des anciens collègues d'Algérie Actualité un hebdomadaire se voulant rompant avec l'habitus intellectuel par trop imprégné de l'idéologie du parti unique, que le groupe nomme Rupture. Qui arrêtera de paraître cinq mois plus tard à la suite de l'odieux assassinat de son directeur de la rédaction, Tahar Djaout. Abdelkrim Djaad a tenté, vers le milieu des années 2000, de réactiver Algérie Actualité, en vain. Mais il reprend la plume pour écrire, de temps à autres, des chroniques dans des quotidiens. Il a par ailleurs publié deux textes pour le théâtre, Sa Nabqa Imourou, en 1995, et Cinq mille ans de la vie d'une femme, en 1996, ainsi que deux romans, La mémoire des oiseaux, en 1989, et Le fourgon, en 2003.