Un penalty généreux, un coup franc discutable et deux buts qui ont mis fin au rêve des Aigles de Carthage de rallier les demies de l'épreuve reine en Afrique. Trois petites minutes où tout a basculé. Non pas parce que les coéquipiers de l'excellent Yassine Chikhaoui ont été mauvais, mais parce qu'un coup de sifflet en a décidé autrement. Un contact inexistant et un point de penalty désigné par le référée qui donnait l'impression de n'attendre qu'un joueur équato-guinéen s'écroule dans la surface de repération pour «punir» les Aigles de Carthage. «La Tunisie a dominé et elle n'aurait pas perdu n'eut été l'arbitrage scandaleux ! Je ne veux pas parler de Hayatou, mais quand tu aimes le football et le beau jeu, voir ces gens dénigrer l'image du football africain est frustrant. Il n'y avait pas de penalty ! Il faut que les gens qui ont joué au football intégrant la CAF et fassent sortir ces personnes douteuses qui font gagner une équipe comme la Guinée Equatoriale qui n'arrive pas à la cheville de la Tunisie». Ce jugement n'émane pas de la bouche d'un Tunisien non, mais de celle d'un véritable connaisseur de football puisqu'il l'a pratiqué au plus haut niveau : Khalilou Fadiga, un ancien international Sénégalais, aujourd'hui consultant de Bein Sports, l'ex-numéro 10 des Lions de la Téranage a littéralement fustigé l'arbitre du match et la Confédération africaine de football (CAF) lors de son intervention d'après match lorsqu'il a été interrogé sur l'existence ou non de ce penalty. Une décision injuste qui aura changé le cours d'une rencontre que la bande à Georges Leekens gérait parfaitement. De surcroît, l'adversaire n'a pas montré grand-chose tout au long des 90 minutes. Bien contenus par une valeureuse formation tunisienne, les coéquipiers de Javier Balboa, qui sera le héros du match après son doublé dont un splendide coup franc, ont eu du mal à emballer la partie. L'Estadio de Bata a même été plongé dans un silence de cathédrale lorsque l'attaquant Ahmed Akaichi a ouvert le score pour la Tunisie au terme d'un magnifique mouvement à trois initié par le maestro Chikhaoui. Pour le reste, nos voisins regretteront certainement le face à face manqué par Amine Chermiti, qui aurait pu tuer le match juste avant le coup de théâtre. Ils devront aussi avaler une pilule qui restera en travers de la gorge : «Dès le début, à Ebebiyin, on voit les hôtels des autres équipes, confortables, avec écran géant, nous on n'avait pas de télé, pas d'électricité ni d'eau, OK, pas de problème. On nous déplace en minibus, avec de toutes petites places, où on n'avait pas de clim pendant trois heures, OK on accepte. Après on arrive ici, on joue contre le pays organisateur, on se dit qu'il y aura du monde, que ce sera une belle ambiance, et on tombe sur un arbitre qui était avec eux et ça a détruit toute la fête», une déclaration du défenseur Bilel Mohsni qui montre tout ce à quoi, lui et ses compères, ont dû faire face afin d'atteindre les quarts pour que, au final, tout s'écroule à cause d'un banal coup de sifflet. Une élimination tragique et une qualification historique pour la sélection locale qui jouera les demies pour la première fois de son histoire. Soit une étape de plus qu'en 2012 lorsque la Guinée Equatoriale a organisé conjointement le prestigieux tournoi avec le Gabon. Comme souvent, cette 30e édition a été entachée par un «arbitrage maison» devenu presque pratique courante en Afrique. Lors du premier tour, cette même équipe a eu un coup de pouce face au Gabon lorsque Javier Balboa s'est écroulé sans contact réel dans la surface. À croire que la CAF veut remercier la Guinée Equatoriale à sa manière. C'est l'éthique sportive et la réputation, déjà mauvaise, de l'Afrique du football qui prennent un sérieux coup. M. T.