La Jordanie a exécuté par pendaison deux djihadistes, dont une femme condamnée à mort depuis des années. Sous le choc Amman a promis de venger l'exécution de son pilote militaire, brûlé vif par le groupe Etat islamique dans un acte de barbarie qui a soulevé l'indignation. La réaction la plus virulente est venue de l'institution islamique d'Al-Azhar au Caire qui a appelé à «tuer les terroristes». Les deux djihadistes exécutés sont une Irakienne condamnée à mort pour des attentats meurtriers en 2005 à Amman, et un responsable irakien d'Al-Qaïda. L'EI avait menacé fin janvier de tuer le pilote jordanien si son pays ne relâchait pas notamment la djihadiste irakienne. Amman avait exigé des preuves de vie de son pilote en décembre après le crash de son avion alors qu'il participait aux frappes de la coalition menée par les Etats-Unis. Le roi Abdallah II de Jordanie a écourté sa visite aux Etats-Unis pour rentrer au pays, et le ministère des Affaires religieuses a demandé aux Jordaniens de prier pour le pilote dans toutes les mosquées du pays. Proche allié des Etats-Unis, le roi Abdallah, avant de quitter Washington, a en compagnie de Barack Obama réaffirmé que «l'abominable meurtre de ce courageux Jordanien ne servira qu'à renforcer la détermination de la communauté internationale à détruire l'EI». Onde de choc et colère après la mort du pilote dans le royaume, où des centaines de Jordaniens sont descendus dans la rue. Le groupe Etat islamique a récemment revendiqué plusieurs exécutions, dont deux otages japonais en plus du Jordanien. Depuis la mi-août, il a aussi annoncé le meurtre de cinq otages occidentaux enlevés en Syrie : deux journalistes et un humanitaire américains ainsi que deux humanitaires britanniques. Le groupe recours à ce type d'enlèvement et d'assassinats pour leur impact médiatique. Dans la vidéo insoutenable qui a fait le tour de la Toile, le pilote en tenue orange est enfermé dans une grande cage en métal qui prend feu. Ces images choc ont pour but évident de terroriser. Responsable de nombreuses atrocités et accusé par l'ONU de crimes contre l'Humanité, l'Etat islamique a prospéré grâce à la guerre en Syrie et l'instabilité en Irak, pour s'emparer de larges pans de territoire dans ces deux pays voisins sur lesquels il a proclamé un «califat». Les Occidentaux et certains pays du Golfe les ayant, au début de la crise, soutenus et armés dans le but de pousser à la chute du régime syrien. Mais le résultat semble catastrophique. Alors que rien ne semble pouvoir arrêter les atrocités de l'Etat islamique, ce groupe a diffusé les photos et les adresses de pilotes jordaniens de la coalition, promettant une récompense à ceux qui les tueraient. L'exécution a provoqué l'indignation internationale. Les monarchies arabes du Golfe et l'Iran l'ont condamnée, l'Occident a exprimé sa révulsion et le Japon, encore sous le choc après l'exécution des deux otages nippons, a évoqué un meurtre «ignoble». Mais pour le journal syrien Al-Watan, la Jordanie paie aujourd'hui «le prix pour avoir laissé passer à sa frontière des hommes armés pour combattre l'armée syrienne». M. B./Agences