La situation était ubuesque. Les images désolantes. Pour la première fois en 30 éditions de Coupe d'Afrique des Nations un match a été interrompu. La faute à une frange de supporters équato-guinéens qui a manifesté son mécontentement au moment où sa sélection s'apprêtait à prendre la porte dans le tournoi face aux «Blacks Stars». Pour la deuxième fois du tournoi, la nation organisatrice se trouve au cœur d'une polémique mettant la structure confédérale du football continental dans l'embarras. Après avoir trouvé un bouc émissaire, en la personne de Seechurn Rajindrapasard arbitre du match, pour étouffer ce penalty très litigieux qui a fait basculer la rencontre Guinée Equatoriale – Tunisie en faveur des «locaux» en quart de final, Hayatou et son Etat-major devront se réunir pour statuer sur les sanctions qui s'imposent après les incidents de jeudi soir à Malabo. Parmi les sanctions prises pour la rencontre des quarts, la CAF a amendé la Fédération tunisienne de football (FTF) de 50 000 dollars «pour le comportement insolent, agressif et inacceptable des joueurs ainsi que des officiels». Elle a aussi instruit la FTF de «s'excuser (par une correspondance ndlr) avant le 5 Février à minuit, pour les insinuations de partialité et de manque d'éthique à l'encontre de la CAF et de ses officiels, ou à défaut de présenter des preuves irréfutables et tangibles pour étayer les propos injurieux». Or, l'instance footballistique des voisins ne l'a pas entendu de cette oreille et n'a tout simplement pas formulé des excuses prenant le risque de voir les Aigles de Carthage privés de disputer le prochain tournoi continental en 2017. Un refus qui met la structure suprême dans une situation très délicate. Sa crédibilité et son intransigeance sont désormais en jeu. Sans la Tunisie et, éventuellement, sans le Maroc, qui n'a toujours pas payé son renoncement à abriter cette édition, l'Afrique du Nord perdra deux représentants de marque donnant un sérieux coup au côté prestigieux de la messe. Surtout que l'Algérie ne sera sûre d'y participer que dans le cas où l'organisation lui sera attribuée le 8 avril prochain. L'autre «chemise chaude» que la Commission de discipline devra examiner sur cet arrêt de match lors de la demie finale qui inculpe directement les inconditionnels du «Nzalang». Une affaire très délicate et un dossier très sensible car le rôle qu'a joué la Guinée Equatoriale pour sauver le tournoi est important. Au moment où Hayatou cherchait une terre de replie pour la tenue de la manifestation, il n'avait trouvé que le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo pour lui prêter main forte. Main de fer ou «sens des affaires» ? La CAF se trouve en situation inconfortable, et c'est le moins qu'on puisse dire. M. T.