Le 23 février 2015 sera considéré comme une date phare dans l'évolution du management du secteur marchand public. Après les différentes réformes qu'il a connues, beaucoup de managers espèrent que celle-là sera la bonne. Hier, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, a présidé la cérémonie des fusions-acquisitions permettant de transformer les sociétés de gestion des participations de l'Etat en groupes industriels. En présence du secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens et des ministres du Commerce, de l'Agriculture, des Travaux publics et des Finances, Abdesselam Bouchouareb a fait un discours dans lequel il explique la nouvelle configuration, les objectifs et la stratégie en matière de management du secteur marchand public. «A la veille de la célébration de deux évènements repères du parcours de notre pays depuis le recouvrement de sa souveraineté -la création de l'Ugta le 24 février 1956 et la nationalisation des hydrocarbures, le 24 février 1971- permettez-moi de dire toute ma fierté de partager avec la grande famille de l'industrie la symbolique de ces deux dates qui ont marqué une rupture véritable avec le passé et continuent d'inspirer notre action pour l'édification d'une économie forte, prospère et juste à la hauteur de notre nation», a-t-il affirmé. Il ajoutera que sa «gratitude va d'abord au président Bouteflika qui a permis à ce nouvel élan d'exister et d'entamer son chemin vers la concrétisation. Notre serment pour l'Algérie est d'y consacré toute l'énergie nécessaire pour son succès», en référence au slogan de la campagne présidentielle de 2014. M. Bouchouareb a estimé que la journée d'hier était inédite car elle «illustre, une fois de plus, notre capacité à se projeter et à préparer l'avenir». La politique du ministère a consisté en la fédération de toutes les énergies «autour de l'entreprise et l'entreprise publique productive en est un segment stratégique au sein et autour duquel se construisent les synergies qui structureront notre destin industriel». «Nous participons aujourd'hui à la naissance de la nouvelle entreprise publique industrielle», a-t-il déclaré. Il citera par la suite les engagements pris et le fait que le ministère ait été au rendez-vous à chaque date. «Derrière chaque rendez-vous tenu -plus que des éphémérides- ce sont des milliers d'emplois sauvegardés, créés et pérennisés; des centaines de familles rassurées; autant de jeunes arrachés aux tentations néfastes; autant de travailleuses et de travailleurs formés, motivés et à qui nous redonnons sens et un projet de vie. C'est aussi une industrie qui renaît et c'est autant de promesses en un avenir meilleur», a-t-il déclaré. Revenant sur l'objet de la rencontre, Abdesselam Bouchouareb a affirmé que «la création des nouveaux groupes industriels publics (...) fait partie des réformes majeures destinées à impulser les croissances visées pour l'économie nationale dans sa globalité et pour l'industrie en particulier». L'organisation retenue tient compte des objectifs de croissance de l'économie et des conditions environnementales. «Elle est conçue pour mettre le secteur public marchand industriel en condition de jouer le rôle de moteur de la croissance, de densification des activités industrielles à même de se positionner en offre de substitution aux importations», a-t-il ajouté. Il déclarera aussi que «la préférence nationale est un axe majeur de notre action dans la démarche prônée de substitution aux importations. Une étude affinée de nos importations sur les quinze dernières années a permis d'identifier des filières que nous pouvons satisfaire avec des produits locaux compétitifs. La commande publique est désormais un levier privilégié pour permettre à nos entreprises qui produisent localement, publiques notamment, de bénéficier d'un carnet de commandes en mesure d'élever la productivité de l'outil installé». Concernant la gouvernance des groupes qu'il considère comme un défi, le ministre a affirmé de manière solennelle qu'elle «régulera les relations entre les acteurs impliqués y compris avec l'Etat-propriétaire. Le ministère exercera sa tutelle dans le périmètre que lui délimite la loi, sans plus, mais je le dis avec force conviction : l'ère du tutorat sur les entreprises publiques est révolue et j'en serai le premier garant». Il répétera que les «nouveaux groupes industriels publics sont autonomes avec tout ce que cela implique en avantages comme en responsabilités». À l'adresse des nouveaux managers, il avertira : «Parce que les nouveaux groupes industriels publics véhiculent l'image du propriétaire, votre responsabilité sociétale est encore plus engageante», tout en appelant à une nouvelle culture de l'entreprise, une nouvelle culture managériale basée sur la performance, la productivité et la redevabilité. Il conclura en affirmant que «le défi qui est le nôtre, et qui est le vôtre, c'est de placer notre pays, son industrie dans la compétition mondiale. L'heure a sonné pour engager une nouvelle bataille, celle de l'industrie nationale et du produire algérien». A. E.