En s'accordant à admettre qu'organiser un grand évènement sportif suppose obligatoirement «...un travail de coulisses et de lobbying» pour maximiser les chances d'obtention le choix les faveurs d'une majorité des membres du comité ad-hoc, le ministre des Sports se contredit superbement en ajoutant ensuite «L'Etat et la politique n'ont rien à voir avec ça. L'organisation de la CAN est une décision sportive, pas politique» et plus sibyllin encore Tahmi considère encore qu'une telle démarche devrait être «positive et faite de manière civilisée». Sauf qu'en accueillant le président de la CAF à la manière d'un chef d'Etat et de lui faire l'honneur d'être reçu par le Premier ministre lequel, est-il besoin de le préciser, représente directement le président de la République, l'argumentaire avancé par le ministre des Sports tombe carrément à l'eau. En sport, le lobbying ne date pas de ces dernières années seulement néanmoins jusqu'à une période récente il s'est suffi de négociations à la limite des affinités personnelles respectueuses des valeurs morales avant d'être perverti non pas dans quelques disciplines seulement, mais au sein même d'une institution considérée comme la sentinelle de l'ensemble, en l'occurrence le Comité international olympique qui en a connu tout autant la perversion. L'Algérie et ses institutions sportives auront beau jouer la transparence, la rectitude et ses responsables d'afficher leur fierté, il est hélas une certitude : il faut montrer patte blanche pour être dans les bonnes grâces des décideurs. Issa Hayatou et son clan, sa famille en sont par excellence l'exemple caricatural. Plus au sein de la Confédération africaine que dans les autres relevant de la Fifa la gestion s'articule littéralement sur le mode tribal dont des pays comme l'Algérie peuvent faire partie officiellement, mais officieusement gardés en marge en certaines circonstances. La rumeur, voire l'information certainement fondée faisant état du choix du pays qui organisera la CAN-2017 autre que l'Algérie donnée par le président du Comité national olympique témoigne en ce sens des secrets d'alcôve auxquels est habituée la Confédération et son président. La sortie médiatique du président du COA avait été précédée de celle d'un journaliste, Hafid Derradji pour ne pas le nommer qui avait affirmé avec grande assurance, ce qui est la marque des personnes qui ont le privilège d'être dans le secret des dieux «...L'Algérie a peu de chances de se voir attribuer l'organisation de la CAN-2017 indiquant détenir cette information de sources fiables». Ce qui fait d'ailleurs partie justement du lobbying, l'information étant directement et/ou indirectement, volontairement et/ou involontairement, sciemment ou non véhiculée par des canaux d'usage. Alors qu'il s'agisse de Berraf, Derradji et tout autre potentiel déclarant, tout ce qui a été dit jusque-là est plausible, le voile n'étant levé que le 8 avril prochain. Néanmoins, même s'il s'en dédouane, le ministre algérien des Sports a très certainement assimilé une réalité devenue, somme toute, un passage obligé et il est désormais acquis que tous les moyens de pression, d'intéressement, de persuasion ont été déployés par la partie algérienne pour éviter de connaître la déconvenue d'un rejet de sa candidature et surtout de concéder un cuisant échec imputable justement à une certaine naïveté que ne rattraperont jamais les grandes déclarations comme celles faisant état d'un dossier consistant conforme aux dispositions du cahier des charges ou encore de multiplier les déclarations insistant sur les capacités de l'Algérie a assurer dans les meilleures conditions le déroulement de la compétition. Il n'en demeure pas moins certain que c'est tout ce qui se fera en parallèle, à savoir le travail de coulisses, si tant est que les responsables algériens engagés sur cette démarche disposent effectivement du doigté nécessaire, qui pèsera dans la balance le 8 avril prochain. Quoiqu'il en soit et au-delà de tous les petits calculs, l'organisation d'un évènement sportif de cette dimension devrait contribuer à donner, si tant est qu'un bon usage des moyens de communication, d'une diffusion publicitaire à sa hauteur, énormément de visibilité au pays et apporterait de fait une plus-value politique, économique, touristique et bien entendu sportive compte-tenu de l'exposition médiatique qui en découlera. Nombreux sont les pays qui ont gagné en notoriété par le simple fait d'avoir accueilli compétitions et jeux de grande dimension. Bien entendu, toutes images éloquentes qui construiront cette notoriété ne peuvent avoir de l'effet sur le terrain que s'il y a derrière une efficacité sans faille de la partie organisatrice. Mais cela est une autre histoire de laquelle dépendra toutefois la suite des évènements, lesquels contribueront ou non au crédit dont pourrait se targuer l'Algérie. A. L.