La protection du consommateur algérien était le thème phare hier au forum d'El Moujahid, à l'occasion de la Journée mondiale des droits des consommateurs. L'invité du forum, le président de la Fédération algérienne des consommateurs, Zaki Hariz, accompagné du vice-président de la fédération, Hacène Menouar, a ouvert le débat en s'exprimant sur les droits des consommateurs dans notre pays, affirmant que ces derniers existent citant entre autres «le droit à la sécurité, le droit à l'information, le droit au choix et à la représentativité, ainsi que le droit au recours et à un environnement sain». L'Etat est obligé de garantir ces droits, dira le président de la fédération, ajoutant que les consommateurs dans notre pays n'ont pas encore une culture de consommation. Pour M. Hariz, «64% des consommateurs algériens connaissent leurs droits, et la catégorie la plus consciente des droits en matière de consommation concerne les jeunes entre 19 et 25 ans», selon des données récoltées après un sondage organisé par la fédération en 2013 indique-t-il. Les droits existent bel et bien selon M. Hariz, mais le problème consiste dans l'application de ces droits sur le terrain. Il faut savoir aussi, relève-t-il, que la majorité des consommateurs ne procèdent pas au recours ou à la réclamation quand ils ne sont pas satisfaits d'un produit ou un service. «Le droit au recours n'est pas connu par le consommateur algérien, et pas vulgarisé. À titre d'exemple, si un vol est annulé au niveau de l'aéroport d'Alger, les clients ne réclament pas, certains prennent un taxi ou passent la nuit dans un hôtel à leur charge. Les consommateurs doivent apprendre à réclamer leurs droits. Les consommateurs ne sont pas exigeants.» M. Hariz s'est félicité toutefois des avancées réalisées en Algérie en matière d'information des clients. «L'étiquetage est respecté, le client peut avoir toutes les informations sur le produit, telles les informations nutritionnelles et d'autres aspects liés aux produits.» De son côté M. Menouar a indiqué qu'«il y a un problème également en matière de défense des consommateurs devant un tribunal. Il n'existe pas d'avocats ou des magistrats experts dans la défense des consommateurs face à un producteur ou une entreprise. Nous avons lancé un appel à l'Ecole supérieure de la magistrature pour former des magistrats dans ce cadre». En termes de réclamation des consommateurs, le même intervenant a affirmé : «Nous recevons près de 120 appels par jour de consommateurs qui se plaignent de la qualité d'un produit. La majorité des appels concernent les concessionnaires automobile.» Il a indiqué qu'il existe à travers le territoire national «45 associations de protection du consommateur, dont 33 affiliées à la Fédération algérienne des consommateurs». Il est nécessaire selon lui de mettre en place un réseau d'alerte, permettant l'information des citoyens ainsi que les producteurs sur les éventuels risques que tel ou tel produit pourrait faire courir. En matière d'habitudes alimentaires, le président de la Fédération algérienne des consommateurs a indiqué que «80% des familles algériennes n'adoptent pas une alimentation saine et équilibrée. Sachant que l'hygiène est un élément important dans l'alimentation, il faut savoir également que 60% du salaire des Algériens est dépensé dans l'achat des produits alimentaires». Selon ses propos, si «3 millions d'Algériens souffrent du diabète et (que) 5 millions ont des problèmes de tension, cela est dû principalement à de mauvaises habitudes nutritionnelles». S'exprimant sur l'inflation, notamment des produits agricoles, M. Hariz a affirmé que «le problème de l'inflation est dû à un manque flagrant d'organisation et de planification. En Algérie les produits agricoles vont de l'agriculteur directement au consommateur alors qu'il devrait y avoir toute une chaîne de distribution, de stockage. Il y a un manque de transparence également sachant que certains intermédiaires achètent des produits agricoles avant même qu'ils soient cultivés, créant ainsi un monopole et une terrible anarchie dans les marchés de détail ou de gros». A. K.