Cette année encore, les familles algériennes n'auront pas droit à un accès gratuit aux plages. C'est reporté sine die au grand dam de nombreux parents qui se voient d'ores et déjà amenés, bon gré mal gré, à revoir leur programme des vacances d'été, restriction budgétaire oblige. La ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Mme Nouria Yamina Zerhouni, en déplacement à Oran pour l'inauguration du Salon international du tourisme- Siaha, jeudi dernier, a fait une déclaration pour la moins surprenante. Elle a clairement affirmé que les contrats de concession avec le privé seront maintenus pour les deux tiers des plages du pays. Une déclaration qui va à l'opposé de celle faite, le 24 février dernier, en marge d'un regroupement régional, du secrétaire général du ministère de l'Intérieur, annonçant la fin de la conclusion des contrats de concession et donc la fin du paiement de tout accès à la plage. En effet, dans sa déclaration à Oran, en marge de l'inauguration du salon Siaha, Mme Zerhouni a affirmé que «les deux tiers des plages algériennes seront cédées en concession au privé». Et la ministre de poursuivre comme pour appuyer davantage ses dires, devant une assistance et certainement une opinion publique qui aura du mal à croire en ses dires, après que le SG du ministère de l'Intérieur eut affirmé le contraire. Elle a indiqué qu'une lettre vient d'être adressée aux walis des 14 villes côtières, leur demandant de réserver les deux tiers des plages aux investisseurs privés. Manière de dire que les autorités de wilaya veilleront elles-mêmes à la bonne organisation de l'opération dans l'objectif, entre autres, d'assurer la satisfaction des doléances des estivants en la matière, à savoir l'hygiène et la sécurité. Pour la ministre, si l'opération a échoué dans le passé, c'est parce que les autorités locales étaient pratiquement absentes et n'ont pas rempli leur mission de contrôle. Voilà donc l'engagement du représentant du département de Tayeb Belaïz remis en cause et c'était quelque peu prévisible. Pour rappel, le SG du ministère de l'Intérieur avait affirmé, le 24 février dernier, qu'une proposition sera faite au gouvernement pour promulguer une loi visant l'interdiction de la conclusion des contrats de concession des plages. L'information reprise par la chaîne de télévision, ainsi que d'autres médias, a suscité la joie de nombreuses familles qui n'ont eu de cesse de dénoncer cette manière de «dilapider» des biens publics et de priver le citoyen de ce qui lui revient de droit. Ce qui indignait davantage ces mêmes familles était (et cela risque de perdurer du fait du maintien de la concession) le fait de se voir obligées chaque fois de payer et leur accès à la plage et leur installation dans un petit espace, au bord de la mer, qui n'offre pas réellement les commodités nécessaires. Pire, les prix jugés élevés n'étaient pas les mêmes pour tous. Ces mêmes citoyens parlent de diktat et de discrimination. Sans compter l'anarchie dans la plupart des plages, l'insécurité et le manque flagrant d'hygiène. Mme Zerhouni promet de remédier à tout cela en cédant ces plages à ceux qui vont assurer les meilleures prestations sur la base d'un cahier des charges bien élaboré. Ce n'est pas très convaincant pour beaucoup qui se réfèrent aux promesses et autres engagements faits jusque-là par les différents ministres et représentants des autorités locales (celles de wilayas et celles communales). Des promesses jamais tenues sinon mal mises en pratique. Pour ceux là qui réclament toujours la présence des jeunes exploitants des plages, dans le cadre de la concession, toutes les parties doivent conjuguer leurs efforts pour servir le visiteur d'un jour de plage, d'autant qu'il paie et qu'il paie cher. Pour d'autres, ces concessions sont à arrêter d'autant qu'elles ne servent, selon leur dire, qu'à les racketter et parfois même les humilier et les rabaisser par le comportement arrogant et agressif des patrons de ces plages. Ces citoyens exigent d'accéder à leur mer gratuitement et que les autorités locales assurent le maintien et l'entretien de ces espaces sans aucune contrepartie pour la simple raison qu'elles sont déjà assez bien payées par le contribuable et le Trésor public. K. M.