Nasser Hannachi C'est parti pour une année culturelle non-stop à Cirta. Plutôt pour une action culturelle pérenne. La cité millénaire a retracé sa propre rétrospective, jeudi soir dernier à la grande salle (le Zénith) désormais baptisée, par le président de la République, salle Ahmed-bey, lors de l'ouverture officielle de la manifestation «Constantine, Capitale de la culture arabe 2015» (CCCA-2015). Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, représentant du chef de l'Etat, a donné avec la ministre de la Culture, Nadia Labidi, le coup d'envoi de la manifestation. M. Sellal était accompagné de plusieurs ministres, personnalités nationales et figures de la culture. En plus des représentants des 22 pays qui prennent part à l'évènement, figuraient le secrétaire général de la Ligue arabes, Nabil El Arabi, le directeur général de l'organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences (Alesco), Abdalah Hamed Mouhareb, et le président du Haut conseil de la langue arabe, Azedine Mihoubi. Les ambassadeurs de France, d'Autriche et de Chine ont également assisté aux côtés de délégations africaines à ce rendez-vous. Une entame historique, riche en couleurs, en chorégraphies, en évènements a marqué l'ouverture qui sera une «reconstitution» à travers les siècles de la naissance de Constantine, dressée majestueusement sur son antique rocher. «Malhamet Qacentina» (l'épopée de Constantine) écrite par une pléiade d'universitaires et de poètes à leur tête Abdallah Hamadi comme référent historique. Le producteur, l'Office national pour la culture et l'information (Onci), vient de réussir le pari. Et la réalisation confectionnée par Ali Aissaoui de la station régionale de Constantine aura identifié clairement ce berceau civilisationnel dans une nouvelle conception puisée dans le numérique avec ses multiples dimensions. 420 comédiens dont des chanteurs, des chœurs et des conteurs ont magistralement interprété chacun son rôle pour remonter l'horloge délicatement sans trop pressé la cadence pour marquer les faits saillants qui ont fait vibrer le rocher sans pour autant parvenir à le briser en dépit des multiples présences romaines, numides, byzantines... A chaque ère ses «us». Brillamment, les comédiens ont délicatement survolé le rocher et surfé sur le Rhumel pour en dépeindre «les plans» de Massinissa, de Youghurta, de Juba,... L'assistance a tout simplement manifesté son engouement pour le spectacle qui mettra la lumière sur le Bey d'Echark (Est). Et Ahmed Bey replonge les nostalgiques dans les Noubas dans un décor de l'époque, avant que les envahisseurs Français ne reprennent, difficilement, le palais et Cirta. L'épopée prendra alors un autre courant avec l'Association des oulémas musulmans sous l'impulsion de Abdlehamid Ibn Badis, pour mettre ensuite en grand relief le mouvement national, et abordant les douloureux évènements du 8 mai 45. Une manière de renverser l'histoire et les intentions coloniales avec notamment la naissance du groupe des 22 qui donneront le coup fatal pour faire rayonner l'Algérie indépendante. Originale, la «Malhama» retrace la décennie noire des années 1990 et illustre l'action du président de la République qui, à travers la réconciliation nationale, a tourné cette triste page de l'Algérie. In fine, la production n'a laissé aucune personne indifférente parmi les invités. «Magnifique. On peut être fier de ce que nos artistes font sur scène. C'est une nouvelle page culturelle qui est en train de s'écrire», nous diront quelques présents. Assurément, l'épopée fera aimer davantage cette cité antique, et amorcera une nouvelle ère où la culture serait reine. C'est le vœu des intellectuels Constantinois qui veulent que les lettres et les arts cohabitent davantage. Par ailleurs, rappelons qu'une parade populaire a précédé la veille l'ouverture officielle de la manifestation. Un défilé populaire de 22 chars représentant les pays participant a sillonné quelques artères de la cité en présence d'une foule nombreuse. Plusieurs ministres ont suivi le show dont les ministres de la Culture, Nadia Labidi, et de la Communication, Hamid Grine. La Jordanie, le Koweït et la France étaient représentés respectivement par leurs ministres de la Culture et par l'ambassade de France à Alger. N. H.