Chaque année, l'Algérie importe plus de 600 produits alimentaires provenant de 116 pays. Ces produits, qui ne sont pas forcément conformes aux normes internationales, arrivent quand même à pénétrer le marché national au nom de la liberté du commerce, portant ainsi atteinte à la production locale et présentant un risque pour les consommateurs. Il s'agit-là d'un constat dressé par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelouahab Nouri, qui intervenait, hier à Alger, lors de la conférence de presse portant sur la thématique «Consommons national». De l'eau minérale, des boissons gazeuses, de la sardine congelée, des biscuits, de la margarine, du jaune d'œuf, des abats, des boyaux, du chewing-gum, sont ainsi autant de produits superflus qui grèvent le budget de l'Etat au moment où la balance commerciale de l'Algérie devient déficitaire, a souligné M. Nouri selon qui ces importations effrénées ralentissent de façon excessive les investissements, notamment dans le secteur agroalimentaire, en créant un dysfonctionnement économique permanent. «Préférant le gain facile, les adeptes de l'import-import hésitent encore à se tourner vers l'investissement productif», a-t-il regretté en citant l'importation de certains produits agricoles, tels les oignons et les pommes importés, «pourtant disponibles sur le marché local et de meilleur qualité gustative». Pour le ministre, le secteur de l'agriculture qui a atteint une croissance de 11% durant le précédent quinquennal, et une valeur de 2 561 milliards de dinars (35 milliards de dollars) en 2014, permet à l'Algérie de satisfaire le marché domestique et s'imposer sur les marchés mondiaux, notamment pour les produits frais et certains produits agroalimentaires. Le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, a, quant à lui, souligné que l'ouverture tous azimuts du marché national, avec la suppression des droits de douanes, a fortement pénalisé les producteurs nationaux. «Même les pays même qui plaident pour l'ouverture du marché ont entamé des procédures de fer pour protéger la production de leur entreprises et ce qui est valable pour eux l'est aussi pour nous», a-t-il indiqué Il a estimé, de ce fait, qu'il incombe à l'Etat d'instaurer des mécanismes pour protéger la production nationale, développer des filières à forte valeur ajoutée et mettre en valeur les produits nationaux. Il a cité, à ce titre, le comité Doing Business, qui regroupe des cadres de son ministère et des experts de la Banque mondiale, chargé de faire des démarches pour la certification des entreprises et la labellisation des produits nationaux. Selon M. Bouchouareb, la politique de promotion de la production nationale est une initiative qui conforte le secteur industriel. «Cette campagne utile et nécessaire devrait être pérennisée et instituée pour encourager la production nationale car le concept ‘'consommons algérien'' ne s'adresse pas uniquement aux ménages. Il concerne aussi tous les segments de l'industrie», a-t-il souligné. «Le champ de bataille n'est plus dans le texte, mais dans nos comportements qui devraient lutter contre la désindustrialisation», a-t-il conclu. Pour sa part, le ministre du Commerce, Amara Benyounès, a affirmé l'impératif de convaincre le citoyen de consommer le produit local à travers l'amélioration du niveau de l'appareil de production afin que les produits nationaux puissent se substituer aux importations en étant compétitifs. Pour Benyounès, le problème de l'Algérie ne réside pas dans l'importation, mais plutôt dans son incapacité à diversifier ses exportations, qui sont constituées à 98% d'hydrocarbures. Interrogé en marge de cette rencontre sur le crédit à la consommation réintroduit par les pouvoirs publics pour encourager la production nationale, le ministre a réaffirmé que ces prêts seront accordés aux citoyens avant le mois de Ramadhan. Selon lui, la mensualité de ce prêt ne doit pas dépasser les 25% des revenus de demandeurs de crédits. Il a rappelé la suppression de l'exigence d'un taux d'intégration précis pour les produits éligibles au crédit en assurant que tous les produits fabriqués ou assemblés en Algérie sont éligibles au crédit à la consommation. B. A.