« Nous réduirons les importations même si cela dérange certains lobbies de l'importation », a-t-il indiqué lors d'une rencontre avec le patronat et l'UGTA autour de la campagne « consommons algérien », prévue du 26 avril au 3 mai prochain. Le ministre a affirmé que son département mènera jusqu'au bout cette démarche pour réduire au maximum la facture des importations. L'introduction des licences d'importation sera effective, a-t-il précisé, notamment pour les produits qui reviennent chers au Trésor public. Il a cité dans ce cadre l'importation des véhicules et du ciment. Amara Benyounès a qualifié la facture des importations des véhicules, qui est de l'ordre de 5 milliards de dollars par an, d'« énorme ». « Il n'est pas normal, a-t-il fait observer, que les locaux des concessionnaires deviennent des airs de stockage de véhicules invendus. Raison pour laquelle nous comptons imposer des licences d'importation pour les véhicules », déclare-t-il. S'agissant du ciment, le ministre a fait savoir que la licence sera introduite juste pour importer le différentiel entre l'offre et la demande. La production nationale actuelle en ciment est de 18 millions de tonnes alors que les besoins nationaux sont estimés à 22 millions de tonnes. « Nous introduirons les licences d'importation pour importer les 4 millions de tonnes de ciment qui constituent le déficit », a-t-il expliqué, rappelant que le dossier relatif à l'introduction des licences d'importation sera soumis « dans quelques jours » au Parlement. Le ministre a estimé que tout le monde doit être impliqué dans cette démarche de limitation des importations. Toutefois, il a reconnu que les importations ne peuvent pas être réduites à zéro. « Il faut admettre que nous ne pouvons pas interdire toutes les importations », a-t-il souligné. Et pour cause, « un tiers des importations sont des équipements, un tiers représente la matière première et un tiers les consommations finales ». Selon Benyounès, la marge de manœuvre concerne seulement les importations des consommations finales. Les propositions de l'UGTA La centrale syndicale est du même avis. Son secrétaire général, Abdelmadjid Sidi-Saïd, a souligné que nous devons agir sur la limitation des importations des produits de consommation pour réduire la facture. « Pourquoi importer de la tomate concentré, du couscous et de l'huile d'olive alors qu'ils sont disponibles chez nous ? », s'est-il interrogé. Il a jugé nécessaire de « re-discipliner » les pratiques commerciales, notamment les importations et renforcer la lutte contre le commerce informel. « Protéger le produit national n'est pas une honte. Il n'y a pas un pays au monde qui ne protège pas son produit », a-t-il ajouté, indiquant qu'il est important de développer l'agroalimentaire et le textile. « A travers la promotion de ces deux secteurs, nous pouvons créer 500.000 postes d'emploi et améliorer le pouvoir d'achat à hauteur de 15% », a-t-il avancé. D'ailleurs, l'UGTA présentera au gouvernement des propositions axées sur les secteurs de l'agroalimentaire et de l'électroménager. Le SG de l'UGTA a fait savoir que l'opération de vente des produits nationaux lancée à chaque mois de Ramadhan sera élargie à l'ensemble du pays. A Alger, en plus de l'espace réservé au niveau du parvis de la Maison du peuple, un autre point de vente sera ouvert au Palais des expositions. Saisissant cette occasion, le ministre a rappelé que le crédit à la consommation sera réintroduit avant le mois de Ramadhan. Le FCE prépare un label pour les produits algériens Dans le cadre de la campagne « consommons algérien », le Forum des chefs d'entreprise (FCE) a lancé une étude pour la réalisation d'un label pour les produits nationaux dénommé « Origine Algérie garantie ». Son représentant, Brahim Benabdessalem, a souligné que cette étude, qui sera finalisée au mois de juin prochain, identifiera le produit algérien, le principe de territorialité ainsi que le contenu du cahier des charges. Cet engagement s'explique par le fait que « 85% de la valeur ajoutée est produite par des privés ». Brahim Benabdessalem a estimé que limiter les importations des produits de consommation n'est pas utopique. Il a même relevé que la facture des importations de ces produits pourrait baisser de 20 à 10 milliards de dollars d'ici à 2019. Naït-Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien, a appelé au changement du statut des importateurs, soulignant que ces derniers devraient « se reconvertir à l'exportation ».