La ministre de la Culture, Nadia Labidi, a demandé, hier, la constitution d'une commission parlementaire pour examiner les accusations formulées à son encontre par la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, et des députés de sa formation qui ont soutenu qu'elle a usé de son pouvoir pour le financement de projets dont a bénéficié sa société de production cinématographique, dans le cadre de la manifestation «Constantine, Capitale de la culture arabe 2015». Le Parti des travailleurs avait, par la voix de sa secrétaire générale et de son député, Djelloul Djoudi, accusé la ministre de la Culture d'être impliquée dans un «conflit d'intérêts» pour avoir permis le «financement public» d'un film devant être «produit par une société appartenant à la ministre». Répondant aux accusations de Mme Hanoune et réitérées ce jour par la députée PT, Nadia Yefsah, lors de la séance plénière de l'Assemblée populaire nationale (APN) consacrée au débat du projet de loi sur le livre, la ministre affirmera que tout ce qui a été dit auparavant «est infondé». «S'ils ont des preuves, qu'ils les présentent», a-t-elle poursuivi avant de se dire «disposée à aller loin et détenir des preuves» car il y va de son image et de son honneur. Car, Mme Hanoune, relayée par les élus de son parti, a porté, publiquement, des accusations graves en affirmant qu'elle détient des preuves, mais sans jamais les livrer, publiquement, comme elle l'a fait en dessinant une cible sur le dos de la ministre, et avant elle un opérateur économique. La ministre ira plus loin en soulignant l'importance de connaître les étapes de dépense des fonds publics - qu'elle a toujours défendu en plaidant pour la transparence de toutes les opérations- et appellera les députés à œuvrer à établir la vérité dans un «climat de calme, de confiance et de respect». Mme Labidi ne manquera pas d'exprimer son étonnement à l'égard de «ce qui a été dit lors des séances d'hier et aujourd'hui». Mais, pour apporter la preuve de son intégrité, elle reviendra sur cette fameuse société de production dont elle serait la propriétaire. «En tant qu'enseignante universitaire et réalisatrice, je possédais, avant de rejoindre le gouvernement, une petite société» de production de films et émissions pour enfants. Toutefois, «j'ai abandonné cette société et il existe des documents qui prouvent cela», dira Mme Labidi. La ministre de la Culture avait demandé dans une lettre rendue publique dimanche dernier à la secrétaire générale du PT de «démentir publiquement» les accusations rapportées par le quotidien Ennahar El Djadid. «J'ai appris par le journal Ennahar El Djadid que vous auriez déclaré que ‘‘la ministre de la Culture attribue tous les projets du secteur à ses amis ou à sa société''», a écrit la ministre qui déclare recourir, le cas échéant, à la justice pour déposer une «plainte en diffamation» contre l'auteur de ces propos. Pour autant, Mme Labidi ne perdra pas le nord et profitera de sa présence devant les députés pour les appeler à augmenter le budget alloué au secteur de la culture qui reste insuffisant. H. G./APS