Ancien «Malgache», c'est-à-dire un homme de renseignement issu du MALG, matrice historique des Services Algériens, l'ex-ministre de l'Intérieur connait un peu, ce qui est déjà assez, le président Abdelaziz Bouteflika. Il sait aussi déchiffrer les subtilités de sa psychologie de Florentin dans l'habit d'un Levantin. Par-dessus tout un politique particulièrement matois et mutique qui sait donner tout le temps au temps. Le président de l'Association des anciens du MALG en touche d'ailleurs un mot dans une récente interview à un journal en ligne algérien bien en vue. Notamment à propos de la réforme structurelle et doctrinale des services de renseignement sous l'égide de l'ANP. De son propre point de vue, cette réforme du DRS est, «dans la continuité de la pensée du président Bouteflika, quoi que pas toujours exprimée clairement [...], une chose prévisible». L'objectif premier étant, dans l'esprit du chef de l'Etat, de «donner de l'Algérie une image mieux vendable à l'extérieur, un Etat sinon démocratique du moins allant vers la démocratie à grand pas». Le DRS, «plus souvent assimilé à une police politique d'une autre époque, devait revenir à des missions propres, conformes aux normes internationales : lutte contre la subversion intérieure et la menace extérieure». Dahou Ould Kablia est surtout au fait de la réalité du terrain où «le contrôle de l'activité des partis et des associations, le contrôle de la presse, le contrôle des écoutes téléphoniques, la gestion des caméras de surveillance et surtout la mission de combattre la corruption en disposant d'un outil légal de police judiciaire» furent une réalité tangible. C'est-à-dire une activité importante du DRS, exercée parfois au détriment du cœur du métier des Services, le renseignement, base essentielle de l'espionnage et du contre-espionnage. Il y a aussi la réalité du bilan du général de corps d'armée Mohamed Lamine Médiene (Toufik), vingt-cinq ans à la tête du Département de renseignement et de sécurité. Dahou Ould Kablia en dit au passage beaucoup de bien. «Tout le monde s'accorde à dire qu'il a obtenu dans tous les domaines d'excellents résultats. Il a respecté les consignes du Président concernant les modes de gestion au regard de la liberté et de l'intégrité physique des personnes depuis le début 2000. J'ajoute que le général Toufik, et son service de recherche extérieur, a été la sentinelle vigilante en matière d'intelligence sur les affaires extérieures, régionales ou internationale.» Au fond, et du propre point de vue de l'ancien ministre de l'Intérieur d'Abdelaziz Bouteflika, la réforme du renseignement «va dans le sens de la construction d'un Etat civil où l'administration joue son plein rôle, les missions de sécurité soigneusement équilibrée entre les trois services : DRS, Gendarmerie nationale et Sûreté nationale, une justice réellement indépendante». En somme, Dahou Ould Kablia semble résumer l'esprit de la réforme bouteflikienne par l'idée même que ce faisait Habib Bourguiba de l'idée même de réforme. Le père de l'Indépendance tunisienne disait qu'«être réaliste, c'est préférer une réforme modeste, qui en permet une autre, à un miracle impossible». N. K.