Le Malg (ministère de l'armement et des liaisons générales), qui a eu un rôle stratégique dans la conduite de la guerre de libération nationale, doit jouer le même rôle dans l'écriture de l'histoire, a estimé Ould Kablia, président de l'association regroupant ses anciens membres et ministre délégué aux collectivités locales. Dans une conférence-débat, organisée, lundi, à l'hôtel Sofitel par le Rotary club d'Alger, Ould Kablia devait d'abord revenir sur l'occupation française sous le prisme de la très controversée loi française, qui fait l'apologie du colonialisme. Retraçant la réalité de l'occupation coloniale, il relève que si la France avait jeté son dévolu sur l'Algérie, ce ne fut ni pour réparer le coup d'éventail infligé par le Dey d'Alger au consul français ni pour se défausser de dettes que Paris avait contractées à Alger et encore moins pour des raisons de politiques françaises politiciennes. Mais pour des motifs coloniaux, relevant que l'occupation française n'aura été qu'une histoire d'enfumages d'autochtones et d'exploitations effrénées des hommes et des richesse de l'Algérie. Devant un parterre composé de rotariens et d'anciens du Malg, Ould Kablia a retracé dans son intervention les réseaux d'achats d'armes pour les troupes de l'ALN, l'installation d'une véritable toile de l'information pour soutenir les activités politico-militaires de la guerre de libération et la colossale tâche de formation des cadres pour bâtir l'Algérie indépendante. Autant de missions dévolues au Malg, créé lors de la formation du GPRA en 1958, par le colonel Abdelhafid Boussouf, un “visionnaire”, selon Ould Kablia, qui s'est longuement attardé sur les mesures prises pour l'Algérie après la guerre. Alors que le combat pour la liberté faisait rage, le Malg avait lancé des formations multisectorielles à l'intention de jeunes algériens qui avaient rejoint les rangs de la révolution de novembre 1954, dans ses propres écoles, au Maroc notamment, mais également à l'étranger, dans les ex-pays socialistes et même en Occident. Ainsi, dès cette époque, de jeunes algériens avaient été dépêchés aux Etats-Unis pour s'initier à l'économie pétrolière — le ministre Chakib Khelil faisait partie de cette promotion—. L'Algérie combattante avait même pensé au nucléaire en envoyant quatre étudiants dans l'ex-Tchécoslovaquie. Ils ne surviveront pas à l'indépendance. L'Avion qui les a ramenés au Maroc, un Iliouchine, s'est crashé. Le Malg, c'était une ruche de plus de 1 500 personnes animées par un “esprit Malg”, qui a fonctionné comme une sorte de “franc maçonnerie” a reconnu Ould Kablia. Revenant sur les archives du Malg, qui constituent de fait le logiciel de la révolution armée et de ses développements ultérieurs, Ould Kablia a déclaré qu'elles sont entre les mains du ministère de la défense nationale, soulignant qu'une infime partie, déclassée, a, d'ores et déjà, été versée aux archives nationales, durant les années Chadli. Pour donner une idée de son volume, Ould Kablia a rappelé que pour transférer les documents de la Base Didouche-Mourad établie en Libye vers l'Algérie, le chef d'état-major de l'époque, le colonel Houari Boumediene, avait utilisé cinquante camions ! À ce volume, il faut ajouter les archives des bases du Malg établies au Maroc et en Tunisie. Le Malg s'était également mis au service de tous les peuples en lutte pour leur indépendance. Nelson Mandela de l'Afrique du Sud, Samora Machel du Mozambique et Amilcar Cabral de Guinée-Bissau ont subi leur formation militaire dans la base de l'Ouest du Malg, au Maroc. Après l'indépendance, les armes entreposées dans des pays amis ont été distribuées aux palestiniens et à des africains. “Avec les armes en stock, l'Algérie pouvait prolonger sa guerre de 10 ans”, avait fait remarquer Ould Kablia. L'ancêtre du DRS est plus qu' “une mémoire vivante de la révolution”. Le Malg a donné des chefs de gouvernement, des ministres, des généraux, des ambassadeurs, des cadres de la Nation et des capitaines d'entreprise… Ses membres, communément appelés “malgaches”, réfutent le terme de lobby ! D. Bouatta