Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a ainsi exprimé ses «regrets» en réponse aux «reproches» formulés par Alger qui a déclaré que «la fouille samedi à l'aéroport parisien d'Orly du ministre algérien de la Communication est un incident particulièrement regrettable». De son côté, le porte-parole du ministère français, Romain Nadal, avait affirmé, hier, dans un point de presse qu'il avait animé : «Nous sommes attachés à faciliter les démarches et déplacements en France des hautes personnalités étrangères. Nous travaillons avec le ministère de l'Intérieur et la direction du groupe Aéroports de Paris pour que ce type d'incident particulièrement regrettable ne se reproduise plus.» La diplomatie algérienne s'est mise en branle au lendemain de l'incident qui avait eu lieu samedi soir dernier. L'ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié, a été ainsi convoqué, dimanche dernier, par le ministère des Affaires étrangères. De même, l'ambassadeur d'Algérie à Paris a protesté officiellement auprès des autorités françaises. Le ministère des Affaires étrangères (MAE) a signifié à l'ambassadeur de France en Algérie que le traitement réservé à M. Grine, à l'aéroport d'Orly, était «inacceptable». Le ministère a également rendu public un communiqué dans lequel il a dénoncé le traitement qui a été réservé à un membre du gouvernement. «M. Hamid Grine, ministre de la Communication, a fait l'objet d'une fouille, en dépit de son statut de membre du gouvernement, détenteur, de surcroît, d'un passeport diplomatique et transitant par un salon réservé aux personnalités officielles [...]. Le directeur général du protocole au MAE a signifié à son interlocuteur français le caractère inacceptable du traitement réservé à un ministre de la République, de même qu'il lui a rappelé le fait que cet épisode malencontreux n'est pas le premier du genre puisque deux cas similaires ont été enregistrés par le passé», indique le communiqué. Alger a aussi fait part au diplomate français de la «réprobation des autorités algériennes de toutes attitudes contraires aux usages diplomatiques, qui sont en inadéquation flagrante avec la qualité des relations entre l'Algérie et la France et l'ambition partagée des deux pays de les hisser au niveau de partenariat d'exception», ajoute-t-on. Aussi, l'ambassadeur français a-t-il été invité à informer son gouvernement qu'«il est nécessaire que toutes les mesures adéquates soient prises afin que de tels incidents inacceptables ne se reproduisent pas à l'avenir», conclut le communiqué du MAE. Rappelons que le ministre de la Communication, Hamid Grine, a dû subir, samedi dernier, à l'aéroport d'Orly, une fouille corporelle. Cette fouille a aussi concerné ses bagages et effets personnels. Pourtant M. Grine, qui a un passeport diplomatique et était dans une des pièces privées du salon d'honneur de l'aéroport parisien, avait décliné sa qualité de ministre, exhibé son passeport et indiqué à l'agent qu'il était en mission officielle, ce qui devait, en respect des convenances, le mettre à l'abri de tels procédés. Mais la police française n'a pas pris en considération ni la qualité ni le statut de M. Grine et l'a soumis à une fouille corporelle en règle. Ces agissements ont créé un incident diplomatique qui aurait pu être le prélude à un nouvel épisode de crise entre Paris et Alger. Car, ce n'est pas la première fois que des ministres algériens sont soumis à des fouilles au corps dans des aéroports français. Avant Hamid Grine, Abdesselam Bouchareb et Abdelmadjid Tebboune, respectivement ministres de l'Industrie, et de l'Habitat, ont subi la même fouille dans des aéroports parisiens. Plusieurs médias sur la Toile ont affirmé que le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a protesté verbalement auprès de son homologue Laurent Fabius avant de protester officiellement auprès de Paris. Ces médias, citant leurs sources, soutiennent que le ministre algérien aurait été malmené lors de sa fouille par des policiers français. L'information, reprise par les réseaux sociaux, a alimenté une vive polémique ces deux derniers jours. Pour les citoyens algériens, de tels agissements sont «inadmissibles». Il est à souligner que cet accroc diplomatique survient alors que les relations entre Alger et Paris ont connu ces dernières années une évolution positive, tant au niveau politique qu'au niveau économique. D'ailleurs, Alger n'a pas manqué de le rappeler dans le communiqué du ministère des AE qui a mis l'accent sur l'inadéquation flagrante de ces agissements avec «la qualité des relations entre l'Algérie et la France et l'ambition partagée des deux pays de les hisser au niveau de partenariat d'exception». Un rappel qui n'est, certainement, pas fortuit. Car, pour arriver à un partenariat d'exception, autrement dit un partenariat d'égal à égal, il faut d'abord que les pays arrivent à se respecter mutuellement. «L'excès de zèle» dont a été victime un ministre de la République algérienne de la part d'un policier français n'a pas d'autre signification qu'une tentative de «dévalorisation» et d'«humiliation» d'un haut cadre de l'Etat. Nul n'ignore qu'un ministre de la République ne peut être soumis à une fouille corporelle comme le stipulent les conventions internationales et les usages de la diplomatie. L'incident d'Orly est d'autant plus grave qu'il ne s'agit pas d'une bévue, mais d'une récidive aux relents de grave provocation à l'endroit de la République algérienne. Alger a réagi et c'était non seulement nécessaire, mais vital car il y va encore et toujours de l'honneur de la patrie. H. Y.