Elle le sera aussi pour la position de nombreux députés qui sont montés au front, criant haut et fort leur rejet de cette loi, allant jusqu'à envahir la tribune de la Chambre basse et scander des slogans hostiles à un gouvernement qui «veut brader les richesses du pays». La Commission des finances et du budget a procédé à quelques amendements, mais c'est loin de satisfaire les députés en colère qui insistent notamment sur l'annulation de l'article 71 qui remet en cause les prérogatives de l'institution législative, l'article 66 qui porte sur l'ouverture du capital de grandes entreprises publiques comme Sonatrach et Sonelgaz à des investisseurs privés et le rachat, dans un premier temps, de 66% des actions avant d'avoir les 100% quelques années après. L'autre point qui a suscité davantage l'ire des députés, y compris ceux du FLN, parti majoritaire acquis au gouvernement dont il doit justement approuver tout le programme, les hausses des taxes sur les produits énergétiques (électricité, gaz, carburant) et la vignette automobile. Trop, c'en est trop, une loi qui remet ainsi en cause les acquis sociaux et économiques, dénoncent les représentants du peuple au nom du peuple et pour la préservation des intérêts du peuple, mais aussi leurs intérêts, diront certains. En effet, jamais un texte de loi n'a suscité autant de critiques, de protestations (des manifestations ont eu lieu à la tribune de l'Assemblée et dans les couloirs), mais aussi des altercations verbales et des échauffourées. Des députés en sont arrivés aux mains, y compris des députés femmes. Du jamais vu. Un scandale, du cinéma...chacun en jugera à sa manière. Une chose est sûre, les députés sont sortis de leur léthargie. Ils se sont éveillés en sursaut comme pour sauver ce qui reste à sauver dans une maison qui brûle. Même une partie des députés FLN a critiqué largement le PLF 2016 et a menacé de ne pas voter la loi avant qu'elle ne soit rappelée à l'ordre par un Saâdani intransigeant et menaçant comme à son habitude. Ce dernier, rappelant avec insistance que le FLN est le parti majoritaire du gouvernement et mieux encore, il est le parti du président de la République qui est le président du parti. Pour Saâdani, il n'est pas normal de défendre le programme du Président et d'épouser, en même temps, les idées de l'opposition. Ceux qui aimeraient être dans cette démarche de soutien à l'opposition n'ont qu'à rejoindre le groupe des indépendants, a-t-il prévenu. Les députés du FLN se sont tus, mais pas ceux du PT, du FFS, de l'Alliance de l'Algérie verte et quelques députés de partis islamistes qui continuent à crier au bradage des richesses du pays. La loi passe ou ne passe pas, ils se sont exprimés et d'une manière quelque peu inattendue de la part d'une Assemblée constamment éreintée. Trop passive. C'est une bonne chose que les représentants du peuple agissent de la sorte pour défendre les 40 millions de citoyens algériens, mais ces mêmes algériens auraient aimé voir ces mêmes représentants du peuple agir de la même chaque fois qu'il y a débat autour d'un sujet qui concerne directement le simple citoyen. D'une manière pacifique, bien sûr, civilisée, sans en arriver aux mains (et aux cheveux), comme c'était le cas hier. Notons, à ce propos, qu'il est rare que les sièges de l'APN soient occupés, ne serait ce que par le tiers des députés. Des ministres comme Mme Nouria Benghebrit et d'autres sont passés plusieurs fois à l'APN pour des questions orales, mais seuls les députés qui posent les questions et quelques uns de leurs compagnons y assistent, l'Assemblée étant souvent déserte. Dans quelques mois, peut être des jours, la loi fondamentale du pays sera adoptée. Et à la faveur de cette loi, comme annoncé précédemment dans un message du président Bouteflika, les candidats aux futures législatives auront tous accès au fichier électoral. C'est dire la transparence dans l'organisation des futures législatives, soutient-on. Une compétition loyale. Ce sera pour l'année 2017, donc pour bientôt. Les députés seraient-ils en précampagne? L'institution législative œuvre-t-elle à retrouver sa crédibilité? Ou bien, s'agit-il d'une réelle inquiétude pour l'avenir du pays ? K. M.