En plus de ça, les pays sud de la Méditerranée voudraient faire tarir les réseaux de passeurs qui envoient chaque mois vers l'Italie des milliers de migrants. Mais avant toute éventuelle évolution, des voix discordantes commencent à poindre. Les critiques de l'accord préviennent que toute tentative de précipiter le processus de réconciliation risque au contraire de renforcer les résistances au demeurant palpables depuis l'annonce de cet accord en octobre. Les lignes de fractions au sein du pays plongé dans le chaos risquent fortement d'être accentuées. Après l'engagement vendredi à Tunis de délégations des deux Parlements rivaux, celui de Tobrouk considéré comme reconnu par la communauté internationale, et celui de Tripoli à signer l'accord soutenu par l'ONU, la réunion de Rome vise surtout à passer au concret. Sortir avec un accord applicable sur le terrain. A Tunis, les délégations n'ont pas été en mesure de promettre que leur Parlement respectif ratifierait l'accord. Et pour certains observateurs, la signature de cet accord obtenu au forceps grâce aux efforts des pays de la région reste «un pari irresponsable», à l'instar d'Emma Bonino, ancienne ministre italienne des Affaires étrangères. En effet, l'accord d'octobre prévoit que Faez Serraj, un relatif inconnu, prenne la direction d'un conseil présidentiel de neuf membres. Selon des sources occidentales, l'objectif est de former un gouvernement d'union dans les 40 jours suivant la signature de mercredi, faute de quoi l'ONU pourrait imposer des sanctions sur les parties récalcitrantes. En revanche, si l'accord tient, le gouvernement d'union pourra obtenir des armes et même un appui militaire occidental pour asseoir son autorité, lutter contre le terrorisme et l'immigration clandestine, a révélé un responsable américain. Mais pour certains observateurs, il est improbable que les conditions de sécurité soient réunies pour appliquer un tel accord. «Cela signifie qu'ils n'auront aucun contrôle sur l'administration d'Etat, en particulier la Banque centrale. Cela pourrait relancer les combats pour le contrôle de la capitale, tandis que toute tentative de restaurer l'autorité de Tripoli risque d'alimenter les poussées sécessionnistes dans l'Est», préviennent des voix discordantes. Sur le terrain libyen, la situation n'est pas pour rasséréner. Vendredi des centaines de manifestants se sont rassemblés sur la principale place de Tripoli, agitant des drapeaux libyens et appelant au rejet du fameux accord. M. B./Agences