Les chefs des diplomaties américaine, John Kerry, et italienne, Paolo Gentiloni, et l'envoyé de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler à l'ouverture, hier, de la conférence de Rome L'Italie et les USA présidaient hier à Rome une conférence internationale pour pousser les principales factions politiques émergeant dans le chaos libyen à appliquer rapidement un accord négocié sous l'égide de l'ONU. «Aujourd'hui, la communauté internationale demande unanimement un gouvernement d'union nationale en Libye», a expliqué, lors d'un point-presse, le ministre français Harlem Désir à l'issue d'une matinée de discussions. Sous la co-présidence du ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, et de son homologue américain John Kerry, la réunion a rassemblé l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, et des ministres de 18 pays européens et arabes étaient présents, comme le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov. L'Algérie est représentée par le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats Arabes, Abdelkader Messahel, qui a relevé à la veille de la conférence, «l'urgence» de mettre en place un gouvernement libyen d'union nationale. «Cette solution politique devra s'articuler autour de l'urgente mise en place d'un gouvernement d'union nationale représentatif de tout le peuple libyen et de la signature rapide de l'accord politique qui a reçu le soutien du peuple libyen et l'adhésion de la grande partie des acteurs politiques de ce pays», a expliqué. M.Messahel. Un responsable américain a pour sa part évoqué «des échanges bons et francs» et «un net sentiment d'urgence sur la nécessité» de mettre en place le gouvernement d'union évoqué par l'accord obtenu en octobre sous l'égide de l'ONU. Les représentants des factions rivales libyennes devaient les rejoindre dans l'après-midi. Les puissances occidentales souhaitent qu'un gouvernement d'union reprenne le pays en main pour tenter de contrer le développement de l'organisation Etat islamique (EI) autour de son fief de Syrte et les réseaux de passeurs qui envoient chaque mois vers l'Italie des milliers de migrants dans des conditions inhumaines. Mais les critiques de l'accord préviennent que toute tentative de précipiter le processus de réconciliation risque au contraire d'accentuer les divisions au sein du pays plongé dans le chaos depuis la chute de Maâmar El Gueddafi. Vendredi, des délégations des deux Parlements rivaux - celui de Tobrouk (est), reconnu par la communauté internationale, et celui de Tripoli - se sont engagées à signer mercredi l'accord soutenu par l'ONU, sans pour autant promettre que leurs assemblées ratifieraient le texte ensuite. «Toutes les parties libyennes se retrouveront pour constituer ce gouvernement d'union nationale», a promis M.Désir, estimant qu'il s'agissait d'une étape essentielle pour «restaurer la souveraineté sur l'ensemble du territoire». «C'est une priorité absolue pour la sécurité internationale, et en particulier en Méditerranée», a-t-il insisté. «Ceux qui ne soutiendront pas l'accord devront être combattus», a-t-il ajouté, sans plus de précisions. Après la signature de l'accord mercredi au Maroc, «le conseil de sécurité de l'ONU adoptera une résolution d'appui du gouvernement d'union qui permettra à la communauté internationale de soutenir ce gouvernement dans sa mission, en particulier pour assurer la sécurité en Libye», a annoncé M.Désir. Outre les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme, le gouvernement d'union devra relancer l'économie libyenne, restaurer les services à la population et lutter contre les trafics d'êtres humains qui prospèrent actuellement dans le pays, a rappelé le ministre français. De nombreux observateurs estiment cependant que cet accord, obtenu au forceps, via une médiation étrangère reste «un pari irresponsable», comme l'ont ainsi dénoncé Emma Bonino, ancienne ministre italienne des Affaires étrangères, et le haut diplomate français Jean-Marie Guéhenno dans le magazine italien Politico. L'accord d'octobre prévoit qu'un homme d'affaires relativement inconnu, Faez Serraj, prenne la direction d'un conseil présidentiel de neuf membres. Mais, les conditions de sécurité ne semblent pas réunies pour l'instant pour qu'ils prennent leurs fonctions à Tripoli, ce qui risque de provoquer de nouveaux combats pour le contrôle de la capitale.