Quatorze personnes ont été tuées, hier, dans un attentat suicide chez un élu local issu d'une puissante tribu à Jalalabad, dans l'est de l'Afghanistan où des combattants du groupe Daech s'implantent progressivement au détriment des talibans. C'est la deuxième attaque d'envergure à toucher Jalalabad, grande ville proche du Pakistan, en moins d'une semaine. Mercredi, des insurgés ont, en vain, tenté de prendre d'assaut le consulat pakistanais. L'attaque s'est soldée par la mort de sept personnes et a aussitôt été revendiquée par Daech par ses canaux habituels de communication, signe du resserrement des liens entre la hiérarchie de l'organisation, solidement implantée dans certaines régions de l'Irak et de la Syrie, et les militants s'en réclamant en Afghanistan. En revanche Daech n'avait pas endossé la responsabilité de l'attentat suicide survenu plus tôt dans la journée. Zabiullah Moudjahid, le porte-parole des talibans, a de son côté assuré que les talibans n'étaient pas derrière cette attaque qui survient à la veille d'une nouvelle réunion à Kaboul destinée à relancer les pourparlers de paix entre les talibans et le gouvernement afghan, suspendus depuis l'été dernier. L'attaque a eu lieu lors d'une assemblée de responsables tribaux, le kamikaze s'est mêlé aux invités dans la cour de la maison et a déclenché sa charge. La puissante tribu des Shinwari est très présente dans la province de Nangarhar et particulièrement dans les districts frontaliers du Pakistan. Le président afghan Ashraf Ghani a «fermement condamné» l'attentat et assuré que son gouvernement n'entamerait «aucun pourparler de paix avec ceux qui font couler le sang des innocents». La province de Nangarhar a vu ces derniers mois l'implantation progressive de djihadistes de Daech. Avec l'attaque contre le consulat pakistanais de Jalalabad mercredi dernier, Daech a commis son premier attentat d'ampleur dans une ville afghane. Dans cette région proche du Pakistan, Daech tente de gagner du terrain aux dépens des talibans dont Nangarhar est un bastion traditionnel. La multiplication des attentats dans tout l'Afghanistan et la poussée militaire des talibans, qui ont envahi et tenu pendant trois jours la ville de Kunduz (nord) en septembre, est concomitante d'efforts pour relancer le processus de paix entre Kaboul et les insurgés. Lundi dernier, des représentants chinois, américains, pakistanais et afghans s'étaient réunis à Islamabad pour dresser une feuille de route destinée à raviver ce dialogue, interrompu depuis l'été dernier et l'annonce de la mort du mollah Omar, fondateur du mouvement taliban. Une deuxième réunion doit avoir lieu à Kaboul avec les mêmes participants, mais toujours sans les talibans, à l'origine d'une insurrection qui dure depuis plus de 14 ans. R. I.