Malgré le déficit pluviométrique enregistré durant l'année dernière et le début de la nouvelle, la spécialiste en prévisions météorologiques Houaria Benrekta, affirme qu'il serait «prématuré» de déclarer la situation de sécheresse tant que l'année agricole est toujours en cours. Mme Benrekta, qui intervenait, hier, au forum d'El-Moudjahid, dira que «déclarer une sécheresse est très délicat», rapporte l'APS. Plus explicite, la météorologue indiquera que les paramètres de désignation d'une sécheresse sont définis «par régions», au regard de la «variabilité» des précipitations et à la situation géographique de la dépression climatique. Rassurante, elle dira que les précipitations cumulées, ces derniers jours, augurent d'un «déblocage progressif» du déficit pluviométrique. La spécialiste fera remarquer que si le mois de décembre dernier a été marqué par un temps «doux» avec peu de pluie, les mois d'octobre et de novembre ont, eux, par contre, connu des passages pluviométriques «très appréciables». Notant que le déficit pluviométrique observé en 2015 n'est pas «inédit», Mme Benrekta a rappelé que des épisodes similaires ont été observés en 2010 et en 2011, indiquant que les perturbations climatiques enregistrées en Algérie sont liées à la météorologie dans le monde, comme ce fut le cas l'année 2015 qui avait connu une hausse de température moyenne du globe estimée à +0,7°. S'appuyant sur les statistiques, le directeur général de l'Office national de météorologie (ONM), Brahim Ihadadene, indiquera que la wilaya de Mascara a connu le déficit le plus élevé par rapport à la normale (-54%), alors qu'Alger a enregistré un écart négatif de -35%. En revanche, des excédents en pluviométrie ont été enregistrés dans d'autres wilayas, le plus important à Tébessa (+37%), suivie de Constantine avec +15% puis Annaba avec +14%. Si le spectre de la sécheresse est écarté, le manque de pluies est cependant avéré, pour certaines régions du moins, notamment l'ouest du pays, et fait craindre de mauvais résultats pour l'agriculture. Le dérèglement climatique est une réalité, ce qui devrait inciter l'Algérie, devenue pays semi-aride, à développer la gestion rationnelle des eaux d'irrigation avec l'adoption et la généralisation de systèmes économes tels le goutte-à-goutte, les pivots d'aspersion et les cultures hydroponiques. Concernant les prévisions météorologiques, Mme Benrekta a, par ailleurs, expliqué que les données de l'ONM s'appuient sur deux types de prévisions : l'un se calcule sur une durée de cinq jours avec un taux de fiabilité de 80%, et l'autre se fait sur la base de «probabilités», calculées sur un mois, voire sur une saison entière. «Quelle que soit la responsabilité humaine vis-à-vis des conséquences des changements climatiques, notre souci est de savoir comment faire face à ces perturbations», a-t-elle affirmé, assurant que les bulletins météo spéciaux (BMS) émis par l'ONM sont «pointus dans l'espace et le temps». R. C./APS