Le Touring Club d'Algérie, en coopération avec l'association «Les amis de la route» de la wilaya de Tizi Ouzou, ont organisé, hier, au CEM Tabet Ben Kara de Birkhadem, une journée d'étude consacrée aux jeunes conducteurs automobiles. La manifestation a vu également la participation des autorités publiques, dont les ministères des Transports et de l'Education ainsi que la direction générale de la Sûreté nationale. «L'objectif de cette journée est de sensibiliser les jeunes sur la problématique de la sécurité routière», explique M. Abderrahmane Abdeddaïm, P-DG de Touring Club d'Algérie. Ce sont, dans un premier temps, les élèves du CEM Tabet Benkara et les lycéens de Zahouane Amar de Birkhadem, qui ont été choisis. L'initiative est louable. Car, d'année en année, le bilan des accidents de la circulation s'alourdit. Durant les neuf premiers mois de 2008, 4 151 morts sont à déplorer contre 4 177 durant toute l'année d'avant. Dans la wilaya d'Alger, 1 528 accidents de la route ont été recensés par les services de police, faisant 52 morts et 1 592 blessés en 2008. Après la réforme du code de la route en 2004 et l'alourdissement des sanctions, les séminaires de réflexion et autres campagnes de sensibilisation, qui n'ont pas réussi à atteindre des objectifs appréciables, l'initiative entreprise hier touche du doigt le nœud gordien du problème. Celui du civisme et de l'esprit de responsabilité. Des notions qu'il serait intéressant d'inculquer à tous les niveaux de la société. Car le carnage sur nos routes ne peut être expliqué uniquement par le non-respect du code de la circulation. Avant de réviser, encore une fois, le code de la route, il faut d'abord appliquer, sans complaisance et sans indulgence, l'ancien. Devant l'absence de fichiers nationaux de permis de conduire, de cartes grises et des infractions (le projet est en cours), rien de sérieux ne peut-être entrepris. En 2008, selon des statistiques de la DGSN, 257 670 amendes forfaitaires pour des infractions au code la route ont été enregistrées. Seulement 125 093 contrevenants ont été acquittés, soit moins de la moitié. Un autre facteur, et non des moindres, participant à l'hécatombe sur les routes algériennes, est représenté par l'incivisme des conducteurs et des piétons. Plus de 90% des accidents sont dus au facteur humain. Comment sensibiliser et responsabiliser l'ensemble de la population ? L'idée de commencer par les établissements scolaires est pertinente. «Il faut que chaque enfant se comporte en moniteur vis-à-vis de ses parents», déclare M. Mohamed Lazouni, président de l'association «Tarik essalama». D'un autre côté, le même interlocuteur lance un appel aux parents, les enjoignant à ne pas sous-estimer «l'éducation silencieuse». Une notion basée plus sur le comportement exemplaire des géniteurs que sur l'apprentissage par la parole. «J'interviens sur le sujet de la sécurité routière depuis 39 ans. J'ai obtenu mon permis de conduire en 1955. Mais je suis du genre ‘peureux'. Je ne m'aventure jamais et respecte le code de la route», lance M. Lazouni à l'adresse des élèves, comme pour leur expliquer que cela n'est pas une référence que de conduire de façon dangereuse. Et qu'insulter ou avoir des gestes obscènes sont aussi révoltants au volant qu'ailleurs. Des notions simples et rudimentaires mais qui devraient être inculquées non seulement aux élèves mais élargies à une grande partie de la société. En termes de chiffres, le dernier bilan des services de sûreté de la wilaya d'Alger indiquent que plus le titulaire du permis de conduire est jeune, plus il est susceptible de causer des accidents. Sur les nombreux accidents survenus en zone urbaine de la wilaya d'Alger, les titulaires de permis de conduire de moins de deux ans sont impliqués dans 421 accidents ; entre 3 et 5 ans dans 470 accidents et entre 6 et 9 ans dans 319, contre 54 cas causés par ceux qui le possèdent depuis plus de 15 ans. S. A.