La sélection nationale de handball perd son titre de championne d'Afrique au profit de son homologue égyptienne, après son élimination en demi-finale face à la Tunisie. Suite à leur cuisante déconvenue devant les Aigles de Carthage (27/18), les Fennecs se sont ensuite inclinés devant les Palancas Negras au match de classement (25/19), cédant du coup le billet qualificatif au Mondial-2017 à leurs vis-à-vis angolais. La contre-performance cairote des poulains de Salah Bouchekriou a été vécue comme humiliation par les sportifs algériens. Il faut dire que l'amer souvenir du fiasco vécu au Mondial du Qatar 2015, où le sept national a terminé bon dernier avec zéro points, est encore vivace dans les esprits. Après avoir longtemps plané sur le ciel africain avec de brillantes prestations au Mondial et autres tournois internationaux, le handball algérien a beaucoup régressé depuis le début des années 1990, abandonnant son leadership continental aux Tunisiens et aux Egyptiens. La mauvaise gestion et les conflits récurrents qui secouent l'instance nationale de la petite balle, le manque de regroupements et de stages de perfectionnement au profit des athlètes de l'élite nationale et l'absence d'une politique de formation efficiente au niveau des clubs sont les trois principales raisons évoquées par les spécialistes pour justifier cette descente aux enfers. Après un retour triomphal à la première loge continentale, à l'occasion de la CAN-2014 à Alger, la liesse, faute d'un travail de fond soutenu, a été de très courte durée. C'est cette rechute quasi-instantanée qui frustre les anciens joueurs et les inconditionnels du handball algérien, sachant pertinemment qu'il va falloir attendre encore longtemps avant de se (re)hisser à nouveau au sommet. La FAHB, le staff technique et les athlètes n'échappent pas aux critiques acerbes des commentateurs et des spécialistes de la discipline. Les uns évoquent les lacunes physiques et techniques des athlètes, d'autres mettent toute la responsabilité sur le dos de la Fédération qui n'aurait pas accordé toute l'importance requise à la préparation d'une échéance aussi importante. Bien sûr, l'instance fédérale s'en défend et estime que la quatrième place au classement général est une performance honorable. Le coach national parle, quant à lui, d'impondérables comme les mauvaises conditions d'accueil en Egypte ou la partialité de l'arbitrage. «C'est un drame. La plus grosse erreur était celle de nommer le sélectionneur national trois mois seulement avant le coup d'envoi de la compétition. La FAHB a failli en n'ayant aucune vision ni stratégie à moyen et à long termes. Les responsables de cette mauvaise participation doivent démissionner», accuse l'ancienne gloire du hand algérien, Adeslam Benmaghsoula. Salim Nedjel, un autre ancien handballeur, estime aussi que «la FAHB doit assumer l'entière responsabilité de l'échec». La panne est là. Que faire pour relancer la machine ? Les deux observateurs préconisent des changements et une meilleure prise en charge des catégories jeunes pour miser sur l'avenir. «Un bilan s'impose pour relancer la discipline et ceux qui sont responsables de cette situation catastrophique doivent partir, et vite. L'Algérie est un pays de handball, il est inadmissible que des incompétents continuent à gérer la discipline qui a donné de grandes satisfactions au pays», tranche Nedjel. «Nous avons une équipe nationale des U21 qui prépare le Mondial-2017 de la catégorie. Il faut la prendre comme le noyau de la prochaine équipe nationale senior, avec le maintien de quelques anciens pour une courte étape. Les Egyptiens et Tunisiens n'ont pas fait un miracle. Ils ont repris nos plans d'attaque pour donner à la discipline un système de formation efficace. Le seul remède au mal de notre handball est de travailler sur un cycle olympique. Si nous n'allons pas dans ce sens, nous allons encore régresser», renchérit Benmaghsoula. Est-ce suffisant ? Aussi, il va sans doute falloir s'employer à la détection de petits talents à la base et relancer vraiment la formation au niveau des clubs et des associations. Le handball algérien, à son âge d'or, était pratiqué dans les écoles, les lycées, les centres de formation professionnels et les universités. Il avait là une grande réserve de petits prodiges. Les clubs, sérieux et bien concentrés sur leur sujet, se chargeaient ensuite d'encadrer, de former et d'enrôler les bonnes têtes douées qui émergeaient du lot. Or, à la disparition quasi-totale du handball dans les activités sportives scolaires et universitaires, s'ajoute celle de la compétition nationale, le championnat. Comment nos handballeurs peuvent-ils se perfectionner s'ils ne tâtent la balle que lors des quelques stages et rassemblements ? Comment pourrait-on former une relève ? Cela reste aussi valable pour d'autres disciplines comme le volley-ball, le football, le basket-ball, l'athlétisme, la gymnastique… Le problème du sport algérien, de manière générale, réside dans l'absence d'un travail de fond à la base et du manque d'intérêt accordé à la formation. Le vrai défi consiste à socialiser le sport à l'école, à l'université et au travail et de remettre les championnats locaux sur les rails. Toute autre démarche est vouée à l'échec. K. A.