Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, est attendu aujourd'hui dans les camps de réfugiés sahraouis, à Tindouf, où il rencontrera les hautes autorités sahraouies. Il sera à Alger, pour la première fois, demain et après-demain et discutera avec le président Bouteflika sur le dossier du Sahara occidental. En fait, il s'agit de la première visite de Ban Ki-moon dans la région consacrée au conflit du Sahara occidental. Le chef de l'ONU a commencé sa tournée mardi dernier par l'Espagne. Il s'est ensuite rendu au Burkina Faso pour «féliciter les autorités du pays après la réussite da la transition politique», avant de rentrer, hier, dans le vif de sa tournée, par l'étape de Nouakchott où il a été question principalement, dans ses discussions avec les autorités mauritaniennes, de la question du Sahara Occidental. Ban Ki-moon sera aujourd'hui dans les camps de réfugiés sahraouis, à Tindouf, où il rencontrera les hautes autorités sahraouies et le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), Mohamed Abdelaziz. Sa tournée s'achèvera par Alger. Il est important de préciser que l'étape du Maroc a été annulée. La raison de cette annulation est le refus de Rabat de recevoir Ban Ki-moon au Maroc et dans les territoires occupés afin d'éviter la confrontation avec le chef onusien, qui semble décider à trouver un règlement juste et définitif du dossier du Sahara occidental. Mais, dans le cadre de la diplomatie, le Maroc aurait fait comprendre au chef onusien que les calendriers ne correspondent pas avec les obligations du roi du Maroc. Ce dernier ayant choisi la tournée de Ban Ki-moon pour se rendre en Russie. Un stratagème visant à torpiller l'effort onusien pour un règlement négocié de la question du Sahara occidental. Ce qui a amené le secrétariat de l'ONU, qui avait annoncé dans le programme l'étape de Rabat et de Laâyoune, a faire un nouveau communiqué pour annoncer que le voyage de M. Ban se fera en deux temps et qu'il se rendra bien au Maroc, mais «dans le courant de l'année et non à l'occasion de sa prochaine tournée au Maghreb comme annoncé à l'origine». Il faut dire que le refus du Maroc de recevoir Ban Ki-moon démontre clairement que le royaume chérifien «se trouve dans une situation d'isolement au vu de ses problèmes avec l'Union africaine et l'ONU et en confrontation avec la plupart de pays du monde en raison de son occupation illégale du Sahara occidental», comme l'a déclaré le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar. Ce dernier, à l'annonce de la visite de Ban Ki-moon dans la région, a émis le vœu que cette visite «puisse amener le Maroc à respecter les décisions de la légalité internationale en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination (…) Les Sahraouis aspirent à ce que la prochaine visite de Ban ouvre une nouvelle ère pour la politique et les positions de l'ONU vis-à-vis de la cause sahraouie, pour que le bourreau et la victime ne soient plus sur le même pied d'égalité». Il est vrai que la visite de M. Ban dans les camps des réfugiés sahraouis est un événement très important, surtout qu'elle intervient au lendemain de la célébration du 40e anniversaire de la proclamation de la Rasd mais aussi la veille de la réunion du Conseil de sécurité concernant la question du conflit du Sahara occidental, où le SG de l'ONU devra présenter son rapport final sur la question. Ban Ki-moon, qui tient à participer avant de quitter l'ONU au parachèvement du processus de décolonisation de la dernière colonie du continent africain, va redoubler d'efforts pour trouver une solution juste et définitive permettant l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Selon les responsables sahraouis, le déplacement du chef de l'ONU «est une affirmation et une reconnaissance de l'ONU au combat sahraoui pour son indépendance, et que son représentant légitime est le Front Polisario». Mieux, «cette visite est un message clair à l'occupant marocain pour qu'il cesse ses entraves au processus de règlement du conflit» a déclaré, hier à l'APS, le ministre sahraoui de la Coopération, Boulahi Sid, appelant l'ONU à «reconnaître la République arabe sahraouie démocratique (Rasd)». La visite de M. Ban est très propice à la question Sahraouie, qui connaît déjà un formidable élan de solidarité de la part la communauté internationale. Il y a lieu de citer le soutien exprimé par les partis politiques et les parlementaires européens, ou encore la pétition lancée récemment à l'échelle mondiale par le Comité suisse de soutien au peuple sahraoui. «La présence sur la scène internationale de la Rasd et ses bonnes relations avec beaucoup de pays, sont des éléments qui nous encouragent à continuer notre combat», a noté M. Boulahi Sid, indiquant dans ce sens que «l'Union africaine et les pays africains, à leur tête l'Algérie, demeurent les partenaires et les soutiens incontournables pour notre cause juste et légitime». En effet, Ban Ki-moon, après sa tournée dans la région, aura assez d'éléments de la part des dirigeants africains qu'il va rencontrer, justifiant la nécessité de parachever le processus de décolonisation. La Mauritanie, qui a reconnu en 1984 la Rasd est pour une solution «consensuelle». La position de l'Algérie est claire. Elle a été réitérée, la veille de la première visite du SG de l'ONU, par le président Bouteflika dans un message au président de la Rasd, Mohamed Abdelaziz, à l'occasion du 40e anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique. Le président Bouteflika a affirmé au président de la Rasd que l'Algérie «ne ménagera aucun effort» pour apporter son «soutien» à la proposition du SG de l'ONU visant à relancer les négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario, pour parvenir à une solution «juste et durable» garantissant au peuple sahraoui son droit à l'autodétermination. «En sa qualité de pays voisin des deux parties en conflit, l'Algérie se reconnaît dans la démarche de la communauté internationale et des Nations unies en particulier qui, avec constance, préconise une solution basée sur l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, dans la lignée de la position de l'Afrique qui a placé, pour sa part, le parachèvement de la décolonisation en tête des priorités de son organisation continentale depuis sa création», a ajouté le président de la République. Ainsi donc, forts de ces soutiens, les Sahraouis espère réussir à se faire entendre par le Conseil de sécurité en avril prochain. Mais ces derniers, qui certes privilégient le règlement pacifique du conflit, se préparent également pour l'option militaire. Car, depuis 40 ans qu'ils mènent leur combat pour l'indépendance, ils savent bien que l'occupant marocain, et à maintes reprises, a fait fi des décisions de la communauté internationale. Convaincus aujourd'hui, autant qu'une centaine de pays qui ont reconnu la Rasd, que le droit du peuple sahraoui à choisir son destin est un fait qu'il n'y a plus lieu de discuter, les Sahraouis risquent, dans le cas où la dernière tentative de Ban Ki-moon échoue, de reprendre les armes. H. Y.