Le discours a des airs de déjà-vu. Après le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, lors de leur assemblée de printemps en avril, c'est au tour de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de tirer la sonnette d'alarme. Ce «club» de 34 pays riches estime que la croissance mondiale sera tout juste de 3% cette année. Et mise, pour 2017, sur un très léger rebond à 3,3%. Le discours a des airs de déjà-vu. Après le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, lors de leur assemblée de printemps en avril, c'est au tour de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de tirer la sonnette d'alarme. Ce «club» de 34 pays riches estime que la croissance mondiale sera tout juste de 3% cette année. Et mise, pour 2017, sur un très léger rebond à 3,3%. «Le monde est piégé dans une croissance molle», a alerté le secrétaire général, Angel Gurria, lors de la présentation des dernières Perspectives économiques de l'OCDE, mercredi 1er juin, soulignant que l'économie mondiale est de surcroît menacée par un éventuel Brexit ou encore par «les perturbations financières» sur les marchés émergents. «Il y a urgence», a de son côté martelé la chef économiste, Catherine Mann, qui constate que l'économie mondiale n'est toujours pas sortie de la crise huit ans après. Un héritage de la crise financière de 2008 Le désœuvrement d'une partie de la population, la faible progression des salaires et l'accroissement des inégalités déstabilisent de plus en plus les Etats. Bien que le taux de chômage au sein de l'OCDE soit en légère baisse et devrait être ramené à 6,2% en 2017, 39 millions de personnes seront toujours sans emploi, soit 6,5 millions de plus qu'en 2007. «La persistance d'un volant important de ressources en main-d'œuvre inutilisées peut faire basculer dans la précarité un grand nombre de personnes et saper progressivement le potentiel productif de l'économie en raison de l'absence de développement des compétences ou de leur érosion», a mis en garde l'institution. L'absence de perspectives offertes à la jeunesse l'inquiète tout particulièrement. «Les décideurs publics doivent agir pour tenir leurs promesses», a insisté Catherine Mann en rappelant qu'au sein de l'OCDE, 15% des jeunes ne sont ni dans le système scolaire, ni employés, ni en formation. Les seniors ne sont pas mieux lotis : la faiblesse de la croissance et des taux d'intérêt a un impact direct sur le niveau des retraites. «Pour un même niveau de cotisation, les fonds de pension versent aux retraités un revenu bien inférieur à ce qu'il était en 2000», constate-t-elle. Ces maux sont un héritage de la crise financière de 2008, dont les pays riches peinent à se remettre, dans un contexte plombé par le ralentissement chinois et par la chute du prix des matières premières. L'OCDE table cette année sur une croissance de 6,5% pour le géant asiatique (6,9% en 2015), et sur un nouveau recul l'an prochain à 6,2%. Le risque «d'un brusque repli à court terme de la croissance a quelque peu diminué», a admis l'organisation, tout en rappelant que les choix des autorités chinoises pour soutenir l'économie risquent d'«exacerber les risques financiers et d'ajouter aux difficultés à plus long terme». Ces difficultés chinoises ont porté un coup au commerce international – en berne avec une croissance inférieure à 3% entre 2015 et 2017 – et l'onde de choc s'est ainsi propagée à l'ensemble de la planète. L'OCDE prévoit que la croissance des Etats-Unis passera sous la barre des 2% cette année, à 1,8%. La première puissance économique mondiale, affectée par la faiblesse de ses investissements et de ses exportations, «n'est plus une locomotive», a admis Catherine Mann, qui compte sur un rebond à 2,2% en 2017. En Europe, les Perspectives insistent sur l'existence de plusieurs risques baissiers, dont un vote du Royaume-Uni consacrant sa sortie de l'Union européenne. D'après les calculs de l'OCDE, ce «Brexit» pourrait amputer de plus de 5% le PIB britannique d'ici à 2030. Dans ce contexte la France s'en sort plutôt bien : l'OCDE a révisé à la hausse ses prévisions – de 1,2% à 1,4% – et s'attend à une croissance quasi stable en 2017. Idem pour l'Allemagne qui devrait passer de 1,6% cette année à 1,7% l'an prochain. Inquiétudes sur le Japon Le scénario le plus redouté est celui du Japon. Avec une hausse du PIB attendue cette année de 0,7% seulement et de 0,4% en 2017, le pays est sur une pente glissante. Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a d'ailleurs reporté mercredi une hausse de TVA, une décision qui souligne, selon les analystes, l'état de faiblesse de la troisième économie mondiale. Parmi les pays émergents, le Brésil plonge encore plus dans la récession, avec un PIB qui devrait dégringoler de 4,3%. En 2016, le géant sud-américain restera en récession, à – 1,7%, selon l'OCDE, qui ajoute que les «profondes divisions politiques limitent les possibilités de réformes à court terme». Il n'y a que l'Inde qui poursuit sa croissance à un rythme élevé parmi les grands pays émergents (7,4% en 2016 et 7,5% en 2017). Face à la menace de la stagnation, l'OCDE incite les Etats à prendre des initiatives pour doper la croissance et à ne plus attendre uniquement la solution de la part des Banques centrales, dont le levier a été «trop longtemps exclusif» et dont les instruments «sont trop sollicités». Comme le FMI, il y a quelques semaines, l'organisation a appelé les Etats à investir dans les infrastructures pour dynamiser l'économie, d'autant plus qu'ils peuvent se financer à des taux d'intérêts très bas sur les marchés. Jusqu'à présent, cette recommandation est restée lettre morte. «C'est comme si nous avions les poches pleines d'argent, mais que nous n'osions pas rentrer dans le magasin de bonbons», commentait Jason Furman, chef économiste de la Maison Blanche, après la présentation de Catherine Mann. «Pour une fois qu'on nous encourage à dépenser, c'est vraiment étrange !» C. H. In lemonde.fr