Le ralentissement de la croissance économique des pays émergents inquiète, plus que jamais, les économies avancées dont la croissance en dépend fortement. Depuis quelques années, les pays émergents ont été le principal moteur de la croissance mondiale, jusqu'au moment où la conjoncture économique mondiale les fasse entrer en période de ralentissement. Un rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), rendu public hier, est venu confirmer ce constat, après ceux établis récemment, dans le même sens, par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Les experts de l'OCDE ont, en effet, abaissé leurs prévisions de croissance économique mondiale pour 2015 et 2016, en raison des difficultés que connaissent les pays émergents, de l'affaiblissement de leurs économies et celui du commerce mondial. L'Organisation attend désormais une croissance mondiale de 2,9% cette année, contre 3% espérés auparavant, puis 3,3% l'an prochain, contre 3,6% attendus auparavant. En 2017, elle devrait accélérer un peu, à 3,6%. Tout en soulignant que «commerce robuste et croissance mondiale vont main dans la main», la chef économiste de l'OCDE, Catherine Mann, précise, en introduction du rapport, que les échanges commerciaux, après déjà des coups de mou ces dernières années, «semblent avoir stagné et même décliné depuis la fin 2014. Ceci est profondément préoccupant». Et d'indiquer que «la Chine semble être au cœur» de ce phénomène, en ce sens que le ralentissement du commerce mondial (-1,4 point de croissance sur un an) s'explique, pour un tiers, par la baisse du volume des importations des émergents – elle a coûté 0,4 point de croissance à la zone OCDE – et pour un autre tiers par la réduction de la demande de la Chine, ainsi que par son changement de modèle économique (plus de consommation et moins d'investissement, plus de services et moins d'industrie). Pour les experts de l'OCDE, une croissance économique molle dans les pays émergents exerce «des pressions à la baisse sur les cours des matières premières», notamment ceux du pétrole. Hier encore, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a indiqué que les prix du pétrole devraient rester faibles sur plusieurs années. «Nous pensons que les prix du pétrole vont se maintenir à leur niveau actuel pendant des années», a-t-elle déclaré. Plus globalement, les perspectives économiques dans ces pays émergents, qui représentent plus de 60% du PIB mondial, ne sont pas de nature à espérer une véritable relance en raison de «la baisse des prix des produits de base, du durcissement des conditions de crédit et de la contraction de la croissance de la production potentielle, avec le risque que les sorties de capitaux et de fortes dépréciations monétaires mettent au jour des vulnérabilités financières». L'OCDE donne l'exemple du Brésil et de la Russie qui «traversent des récessions et ne renoueront pas avec une croissance positive en glissement annuel avant 2017». A l'inverse, «les perspectives de croissance demeurent relativement robustes en Inde, puisque la croissance du PIB devrait rester supérieure à 7% au cours des prochaines années, sous réserve que la mise en œuvre des réformes structurelles se poursuive». Dans ses perspectives, l'OCDE appelle ses pays membres et les pays du G20 à se montrer «plus ambitieux dans leurs mesures de soutien à la demande et dans la poursuite des réformes structurelles, afin de donner un coup de fouet à la croissance potentielle et de veiller à ce que les bienfaits qu'elle génère sur le plan économique profitent à tous».