A Annaba, le piratage à grande échelle des œuvres artistiques particulièrement celles cinématographiques ou ayant trait à la musique fait rage et l'on voit s'étaler au niveau des boutiques spécialisées des milliers de CD audio ou vidéo vendus au même prix que ceux frappés de la pastille ONDA. Dans ces locaux, on propose toutes sortes de supports pour ces produits dont les auteurs ne touchent pas un centime, des CD de jeu pour xbox, pour play-station, des CD vidéo de films, de musique ou de chansons, des fichiers qu'on télécharge sur des cartes mémoire pour la modique somme de 300 DA. La demande est ainsi satisfaite et on continue à pirater des œuvres au grand dam des artistes qui passent des mois à créer ces œuvres pour enfin les mettre sur le marché. Il n'y a pas un seul artiste à succès qui n'ait été piraté et cela continue au vu et au su de tous malgré des opérations ponctuelles visant à confisquer et à détruire ces supports comme cela a été le cas récemment. Il faut dire que les pirates disposent d'équipements à même de leur permettre de produire à grande échelle ces copies de mauvaise qualité écoulées un peu partout sur le marché national. «Ces pratiques sont assimilées à du vol car les auteurs de ces œuvres ont travaillé dur pour présenter au public une musique, une chanson ou un jeu informatique, une somme d'efforts considérables, de recherches, de répétitions, d'arrangements pour enfin juger de la qualité de l'œuvre avant de la mettre sur le marché et espérer en retour cueillir les fruits de ces efforts. Mais voilà de petits malins, sans se fatiguer, utilisant des équipements adéquats, copient ces œuvres et les vendent tout bénéf sans se soucier le moins du monde de l'impact de leur comportement sur les artistes qui se trouvent ainsi dupés. Cela a des conséquences sur la création, sur la culture, sur la vie de l'artiste, sur les revenus de son travail et peut l'amener à se convertir à autre chose. L'ONDA censée protéger ces droits d'auteur s'intéresse peu à ce qui se passe sur le marché ou alors elle lance des opérations «spectacle» et médiatisées juste pour marquer sa présence, le reste de l'année c'est la débandade et chacun continue son petit trafic, à ce train là c'est la mort de la culture», nous a confié un chanteur de chaâbi connu à Annaba. Le comble, c'est que maintenant, ce ne sont plus seulement les boutiques spécialisées qui s'adonnent à ce commerce illicite et dévastateur car ces supports sont exposés à même le trottoir dans les rues de la ville. Au niveau de la rue Emir Abdelkader, à la place Alexis Lambert, derrière le théâtre à la Place d'Armes ou encore du côté du marché El Hattab et Souk Ellil, les étals pullulent. On y propose des CD à 100 et 200 DA, des DVD avec plusieurs films avec un choix varié, films arabes, égyptiens surtout hindous, américains, séries cultes avec toutes les saisons à des prix défiant toute concurrence. Pour la musique, ce sont les artistes les plus en vue qui sont piratés et dont les CD sont proposés à des prix bien inférieurs à ceux pratiqués officiellement. Cela se vend librement et on va acheter son CD ou DVD comme on achète sa baguette de pain dans la boulangerie du coin. Une situation qui perdure et qui menace sérieusement les quelques ilots de culture rescapés qui avaient résisté à l'avancée inexorable de ce désert culturel qui est venu sur tout. M. R.