L'absence de formation à la base constitue le problème majeur du football et du sport algérien de manière général. Tous les acteurs du ballon rond s'accordent parfaitement sur ce point. La tutelle, les instances sportives, les clubs dits professionnels et les associations d'amateurs reconnaissent pleinement leur défaillance impardonnable dans ce volet. En dépit de ce constat sans appel, rares sont les équipes qui s'assument pour remédier à cette grave carence à travers une sérieuse prise en charge des petites catégories. Toutes les ressources sont consacrées exclusivement aux seniors. Les petits et leurs formateurs, livrés à leur triste sort, résistent avec les moyens du bord. Insuffisance d'infrastructures d'entraînement, manque d'équipement et de matériel pédagogique, difficulté de déplacement pour les compétitions, rareté de stages et de tournois pour se frotter aux autres et s'émanciper, nos futurs footballeurs sont pour, ainsi dire, abandonnés sur le carreau et soumis au régime minimum. Il s'agit évidemment d'une erreur grossière et inexcusable qui est à l'origine de la faillite de toute la politique sportive. Le Paradou athlétic club (PAC), fondé en 1994 au quartier d'Hydra à Alger, fait cependant la différence dans ce domaine. L'académie de football éponyme, créée en 2007, s'est distinguée dans ce domaine de la formation footballistique. L'équipe fanion du PAC, issue entièrement de cette école, joue aujourd'hui les premiers rôles en Ligue 2 professionnelle. Elle a raté de si peu l'accession en Ligue 1 cette saison. De nombreux autres athlètes formés à l'académie évoluent dans divers clubs de l'élite nationale et à l'étranger. Le PAC, en un laps de temps relativement court, s'est forgé une solide réputation de club formateur qui dépasse, désormais, les frontières nationales. La qualité de la formation prodiguée à ses protégés est aujourd'hui reconnue et saluée par des clubs huppés d'Europe. Ses participations réussies à de grands tournois internationaux en Espagne, en France et en Italie l'attestent. Récemment, les U14 du PAC ont brillamment représenté l'Algérie à Milan (Italie) au tournoi de «Football pour l'amitié» (26/29 mai), organisé par Gazprom, le sponsor de la champions League d'Europe. Au mois de mars, les U19 avaient remporté haut la main le tournoi de Saint-Joseph à Lyon (France). Des clubs prestigieux comme le Milan AC, le Benfica Lisbonne, Hertha Berlin, l'Atletico Madrid, le FC tours et le FC Sochaux ont déjà remporté ce trophée de Saint-Joseph. Six joueurs de cette équipe sont convoqués à la sélection nationale des U20. Le Paradou, en dépit d'un budget très limité, avait acquis une parcelle de terrain qu'il avait aménagé en une véritable école de football qui répond aux standards internationaux. Il s'agit d'un exploit que toutes les autres équipes se doivent de bien méditer. Si le PAC a réussi ce challenge, les grandes équipes comme le MCA, l'USMA, le CSC, le CRB, le MCO, la JSK et l'ESS, pour ne citer que ceux-là, devraient pouvoir faire autant, sinon mieux. Mais, habitués à la rente publique, ils attendent tout de l'Etat. La bonne «pâte» est pourtant disponible à profusion. La majorité écrasante des clubs dits professionnels n'accordent aucun intérêt aux petites catégories. Des talents purs sont voués à un triste sort. Profitant de cet abandon, de grands clubs européens ont lancé, en collaboration avec des partenaires locaux, des écoles de foot payantes en Algérie. On peut citer à ce sujet l'école du Milan AC Algérie (Milan Scuola Calcio), la «Barcelona Soccer Algeria», filiale de la marque globale «Soccer Barcelona youth Academy» implantée dans plusieurs pays à travers le monde et la «Paris Saint Germain Academy» qui a débarqué récemment sur le sol algérien. D'autres géants envisagent aussi de se lancer dans l'exploitation de ce gisement de talents, laissé en jachère. Afin de contraindre les sociétés sportives (SSPA) à cette mission fondamentale de la formation, la FAF a mis au point une batterie de nouvelles mesures en prévision de la prochaine saison. L'obligation d'inscrire 7 joueurs du cru au minimum dans l'équipe A et la limitation des prêts à seulement 2 joueurs figure en bonne place dans les règlements de la LFP pour l'exercice 2017/2018. Rappelons que des décisions similaires ont été déjà adoptées, il y a deux ans, mais rares sont les clubs qui s'en sont réellement conformés. Y aura-t-il une commission pour veiller de très près sur tout cela ? A-t-on prévu, cette fois, des sanctions à l'endroit d'éventuels contrevenants ? Etant donnée l'importance de la question et l'urgence de la situation, la FAF doit se montrer intransigeante. Aucune concession ne doit être faite, car il y va de l'avenir immédiat du football national. Ceci est aussi valable pour les toutes les autres disciplines sportives. K. A.