Le film documentaire Djoher Amhis, une femme d'exception, réalisé par M'hamed Amrouche en hommage à la pédagogue et auteure algérienne du même nom, a été projeté en avant-première, dimanche passé à la cinémathèque d'Alger devant un nombreux. D'une durée de 52 minutes, le documentaire écrit par Amrouche Malek présente le parcours cette femme de lettres âgée de 87 ans aujourd'hui - connue pour ses de nombreux ouvrages de vulgarisation d'œuvres majeures de la littérature algérienne, écrits après une longue carrière dans l'enseignement. Très émue par l'hommage et les applaudissements nourris du public composé de plusieurs générations de lecteurs présents de la cinémathèque, Djoher Amhis confie aux présents que «ma démarche me paraissait répondre à besoin de repères chez les jeunes dans le but de semer des idées d'hommes et de femmes dignes, lutter contre l'amnésie, enrichir la pensée et œuvrer à soustraire cette jeunesse à tous les embrigadements», rapporte l'APS. Construit à partir de séquences d'interviews avec Djoher Amhis-Ouksel et de témoignages d'universitaires, d'écrivains, d'amis et de membres de sa famille, le documentaire souligne également sa personnalité volontaire et son engagement pour la transmission de la culture algérienne aux plus jeunes générations. Le film revient aussi sur l'enfance et le parcours singulier de cette fille d'instituteur durant la colonisation française, inscrite à l'Ecole normale en 1945 avant de devenir enseignante puis formatrice d'enseignants à l'indépendance de l'Algérie. «N'na L'Djoher» comme l'aiment à l'appeler ses amis, livre dans cette partie du documentaire un peu de sa vie personnelle en rendant notamment un hommage émouvant à son défunt mari, Belkhir Ouksel, qui a, lui aussi, travaillé dans l'éducation. La seconde partie du documentaire est, quant à elle, consacrée au travail de transmission par l'écriture entamée par l'enseignante après sa retraite en 1983. Djoher Amhis et d'autres intervenant y présentent les ouvrages consacrés aux romans de grands auteurs algériens comme Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Abdelhamid Benhadouga et Taos Amrouche ainsi que d'autres moins connus du grand public comme l'écrivain Malek Ouary. D'une voix ferme et toujours aussi passionné par son devoir de pédagogue, Djoher Amhis a expliqué dans le documentaire que «publiées dans la collection «Empreintes» des éditions algériennes Casbah, ces lectures des classiques de la littérature algérienne ont été écrites dans le but de faire découvrir aux jeunes des auteurs qui ne sont plus enseignés à l'école depuis les années 1970». Au final, au-delà des années, Djouher Amhis demeure et reste cette femme d'exception, dont la verve, l'écrit et la parole est une prose pétrie de jeunesse, des mots subversifs, engagés. Elle a traversé plusieurs générations pour dire et transmettre le combat contre l'hypocrisie, les préjugés et l'espoir de l'éveil des consciences. Une parole qui résonne tel un souffle salvateur, une flamme incandescente qui embrase éternellement le cœur des insoumis et insoumis armés de la puissance des écrits de la littérature algérienne. R. C.