Des étudiants de l'université des sciences et technologies de Bab Ezzouar ont manifesté hier leur colère. Rassemblés au niveau des arrêts de bus, dans l'enceinte universitaire, ils ont perturbé le transport universitaire de 8h du matin jusqu'à la mi-journée. Les raisons de la colère sont multiples, mais l'élément déclencheur remonte à jeudi dernier. Selon le témoignage des étudiants, vers 13h30 ce jour-là, un étudiant se fait agresser par un agent de l'entreprise «Tahkout Mehieddine» de transport des étudiants. «Je lui ai simplement demandé si le bus en partance pour Dergana était parti. Devant la nonchalance et le mépris affichés par l'agent, je dus insister pour qu'il daigne me répondre. Installé à l'intérieur du bus et manipulant son téléphone, il me ferme la vitre au visage. Je suis revenu alors, sous l'abribus. Quelques minutes plus tard, l'agent vient vers moi, m'insulte et me donne un coup de poing en plein nez», témoigne l'étudiant agressé. A entendre les étudiants rassemblés dans le parking de l'université, un vrai malaise s'est instauré depuis quelque temps entre eux et certains agents et conducteur de bus. «Ils n'ont aucun égard pour nous. Ils nous traitent pire que du bétail, ne respectent pas les horaires de départ, surchargent volontairement les bus avec les risques que cela implique. Insultes et provocations sont notre lot quotidien. Heureusement, ils ne sont pas tous comme ça. Mais les dépassements deviennent de plus en plus fréquents», dénonce un autre universitaire dépité. L'agression du jeune étudiant n'est pas un cas unique. Puisque, dénonce Athmane, membre de l'Alliance pour le renouveau estudiantin national (AREN), animateur de la manifestation,deux chauffeurs de bus avaient agressé un étudiant la semaine dernière dans l'enceinte de l'université. Devant ces cas de violences physique et verbale, les étudiants se sont, à plusieurs reprises, rapprochés des responsables pour tenter de trouver des solutions, mais «on ne nous prend pas au sérieux», déplore Athmane. «A la fin du mois de janvier, une délégation d'étudiants est allée voir le directeur des œuvres universitaires d'Alger Est, pour demander l'instauration d'une nouvelle ligne de transport Bab Ezzouar-Zéralda. Ce dernier n'a pas trouvé mieux que d'agresser physiquement l'un des étudiants qui a d'ailleurs porté plainte contre lui», dénonce-t-il. Pour l'heure, et même si la manifestation s'est interrompue, les étudiants demandent l'intervention du directeur général des œuvres universitaires et du ministre de tutelle, pour mettre un terme à cette anarchie et lutter contre toute forme de violence à l'intérieur de l'université. «Il y a assez de bus pour le transport, c'est simplement une question de bonne gestion. Les conducteurs doivent respecter les horaires et effectuer les navettes qui leur sont assignées. Il faut qu'il y ait plus d'agents de sécurité de l'ONOU [Organisme en charge des œuvres universitaires] dans les arrêts…», lance Athmane dans un long réquisitoire. M. Boudella, conseiller du recteur en charge des associations et de la pédagogie au sein de l'USTHB, tranche : «Un étudiant, chez nous, n'a pas à se faire frapper dans l'université. Quel que soit le comportement du jeune étudiant, un agent n'a d'autre prérogative que de retirer la carte à l'étudiant et de se rapprocher de l'administration pour dénoncer». Et de poursuivre : «Il faut savoir communiquer. Un étudiant n'est pas un délinquant, il sait écouter. L'agent ou le responsable étant plus âgé, c'est à lui de savoir comment gérer les incidents.» Interrogé sur le rôle des agents de l'université, M. Boudella explique que ceux-ci ne peuvent intervenir qu'après un incident. Le nombre important d'étudiants et la grande surface de l'université fait que «les agents font des rondes. Ils ne peuvent pas être partout, tout le temps». Sur l'incident de jeudi dernier, le conseiller du recteur déclare : «Nous allons saisir officiellement le COUS. D'autant que, selon mes informations, l'agresseur n'est pas un simple agent de l'entreprise de transport, mais c'est un responsable.» Rencontré sur les lieux, le directeur régional du transport des étudiants affiche une fin de non-recevoir. Approché, il refuse avec ostentation tout commentaire. «J'ai un bureau. Si vous voulez des informations, venez me voir dans mon bureau», lance-t-il. Un comportement qui en dit long sur la disponibilité et le savoir-faire en communication du personnage. S. A.