Dans la lutte pour les parts du marché du gaz en Europe, les Etats-Unis ne reculent devant rien, même devant des procédés géopolitiques de l'époque de la guerre froide, constatent des observateurs Les Etats-Unis font pression sur les pays européens afin de faire échouer leurs contrats gaziers avec la Russie, tout en promouvant les projets américains, écrit le quotidien autrichien Die Presse. Pourquoi Bruxelles veut-il bloquer le projet gazier Nord Stream 2 ? A titre d'exemple, le journal se réfère au marché conclu entre l'autrichien OMV et le géant russe Gazprom. OMV aurait dû concéder les actifs de sa filiale en Norvège à Gazprom en échange d'une part dans le projet d'extraction de gaz en Sibérie. Mais il s'est avéré que les autorités norvégiennes ne se réjouissaient pas du tout d'une perspective de production de gaz par la Russie dans leurs eaux territoriales. «Aussi, le maximum que la Russie peut-elle obtenir, c'est un quart de la société OMV Norge. Dans ce cas, les Autrichiens devront compenser à Gazprom la différence en espèces, mais OMV a des problèmes de ce côté», lit-on dans l'article. Mais quelles sont les raisons d'une telle attitude des Norvégiens ? Selon un expert qui a préféré rester anonyme, OMV a buté contre un conflit géopolitique. Die Presse rappelle que suite à l'annonce début avril du marché avec l'échange d'actifs conclu à Saint-Pétersbourg, Washington a fait pression sur la Norvège, notamment sur son ministre du Pétrole et de l'Energie, Tord Lien. Par ailleurs, les Etats-Unis se sont ingérés non seulement dans le dossier OMV-Gazprom, mais se montrent extrêmement actifs à tous les niveaux en Europe, s'appliquant à torpiller les contrats gaziers entre les pays européens et la Russie, ce qui est confirmé par les participants aux négociations sur le projet de gazoduc Nord Stream 2. «Le Danemark se plaint notamment de se retrouver dans une situation pratiquement sans issue, car il n'a rien contre l'élargissement du gazoduc, mais ne veut pas du tout mécontenter les Etats-Unis», indique l'article. Le journal relève que l'ingérence de Washington a coïncidé avec les premières livraisons de gaz américain en Europe sur fond de nouvelle lutte concurrentielle pour les parts de marché. R. E.