Hier, les gardes-côtes italiens organisaient de nouveaux secours, au lendemain d'une journée record avec environ 6 500 migrants secourus au large de la Libye. «Nous avons plusieurs interventions, des canots pneumatiques en détresse, mais nous ne sommes pas au niveau des chiffres d'hier», a déclaré un porte-parole des gardes-côtes, qui coordonnent ces opérations depuis Rome. La veille, environ 6 500 migrants ont été secourus au cours d'une quarantaine d'interventions impliquant des navires des gardes-côtes et de la marine italienne, de l'opération européenne anti-passeurs Sophia, de l'agence européenne Frontex ou d'organisations humanitaires. La quasi-totalité des migrants sauvés sont originaires d'Afrique subsaharienne, parmi eux se trouvaient de nombreux bébés et enfants, dont un nouveau-né de cinq jours. Plus de 1 100 migrants avaient déjà été secourus, dimanche dernier, dans la même zone, selon le bilan des gardes-côtes, qui coordonnent depuis Rome toutes les opérations de sauvetage au nord des eaux territoriales libyennes. Les départs de migrants depuis la Libye se font par vagues successives. Un phénomène qui s'est accentué cette année amenant les gardes-côtes à dépasser plusieurs fois le seuil de 30 opérations de secours coordonnées en une journée. Fin mai dernier, plus de 13 000 personnes ont été secourues en moins d'une semaine et 8 300 l'ont été en cinq jours, début août. Le dernier bilan du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) en fin de semaine faisait état d'environ 105 000 arrivées. Avec les opérations de dimanche et lundi derniers, cela devrait monter à plus de 112 500, soit encore en-deçà des 116 000 enregistrés pendant la même période en 2015. Ce nouvel afflux illustre l'accentuation du phénomène des vagues de départs, qui voient des milliers de personnes prendre la mer lorsque les conditions météorologiques sont les plus favorables. A rappeler que cette année, une véritable flottille militaire et humanitaire patrouille au large de la Libye pour secourir les migrants, qui partent dans des conditions tellement précaires que certains ne survivent pas plus d'une journée en mer en raison des émanations de carburant, de l'hypothermie et de la déshydratation, sans compter les naufrages. Selon le HCR, au moins 3 100 migrants sont morts ou disparus en mer Méditerranée cette année en tentant de gagner l'Europe. Il y a lieu de préciser que l'afflux des réfugiés en Italie n'est pas près de se tarir, ce qui pose un sérieux problème à ce pays qui a vu arriver près d'un demi-million de candidats à l'exil sur son territoire en deux ans. En 2015, la Commission européenne présentait un plan destiné à la répartition entre divers pays membres de l'UE d'environ 40 000 réfugiés bloqués sur le sol italien. A ce jour, moins de 120 ont pu être transférés vers d'autres pays, notamment au Danemark et en Suède. Mais l'Allemagne, qui a accueilli deux millions de réfugiés en 2015, pourrait relancer ce plan puisqu'elle a exprimé le vœu d'accueillir plusieurs centaines d'ayants droit à l'asile dès le mois de septembre dans l'objectif d'alléger la pression sur l'Italie. Cette information a été communiquée par le ministre italien de l'Intérieur suite à son entretien à Rimini, dans le nord-est de l'Italie, avec son homologue allemand. D'après Angelino Alfano, si Berlin fait effectivement redémarrer le principe de répartition équitable, «les autres pays concernés ne pourront plus se soustraire» à cette politique de redistribution. Mais, il y a lieu de rappeler que seuls les ressortissants syriens, irakiens et érythréens sont considérés comme des réfugiés de fait et que la plupart des migrants arrivant en Italie sont originaires d'Afrique et ne sont pas éligibles au programme de relocalisation de la Commission européenne. H. Y./agences