Mohamed Sahraoui, le gérant de la Sarl Sopiref, responsable du projet de l'immeuble qui s'est effondré vendredi à la cité Urba, dans la commune d'El Achour (Alger), s'est vu retiré son agrément. L'architecte, connu pour ses constructions de résidences de haut de gamme et qui est aussi le président de l'Organisation nationale des promoteurs immobiliers, ne s'attendait pas à une telle sanction, diront certains. En fait, non seulement il a lancé les travaux sans disposer d'un permis de construire, pourtant réclamé plusieurs fois par les services concernés mais aussi, il a maintes fois ignoré ces mêmes services qui l'ont mis en demeure, officiellement, d'arrêter les travaux suite à des réclamations d'une autre partie, qui mettait en garde contre les risques d'effondrement des bâtisses avoisinantes. Sahraoui, défiant les autorités, c'est du moins ce que l'on peut déduire, poursuivait la construction sans être inquiété. Depuis 2014 que la situation perdure, il a fallu que la bâtisse s'effondre suite à une défaillance technique, alors qu'elle est en construction, pour que le scandale soit connu du public. Hier, dimanche, le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville a annoncé le retrait de l'agrément au promoteur mis en cause. Et ce dernier de rappeler la mise en place d'une commission d'enquête composée du «directeur général de la construction et des moyens de réalisation, du directeur général de l'urbanisme et de l'architecture, et du directeur de l'habitat de la wilaya d'Alger, ainsi que du directeur de l'urbanisme et de l'architecture de la wilaya d'Alger, du directeur général du Centre national de recherche appliquée en génie parasismique, du directeur du Centre national d'études et de recherches intégrées du bâtiment et du directeur du Laboratoire national de l'habitat et de la construction (Lnhc)». La commission «s'est déplacée sur le lieu du sinistre où elle s'est enquise du dossier administratif et technique de la société de promotion immobilière Sopiref et d'un projet immobilier jouxtant l'immeuble qui s'est effondré et relevant de la promotion Immo Hat». Selon les résultats de l'enquête, indique le rapport de la commission, «la Sarl Sopiref, dont M'hamed Sahraoui est gérant, ne dispose pas de permis de construire. Le promoteur a été mis en demeure par les services techniques de la commune en date du 4 septembre 2014 après lui avoir adressé trois procès verbaux de contravention», et «une décision d'arrêt des travaux a été rendue le 6 septembre 2016 mais le gérant de Sopiref ne s'y est pas conformé». Pour Immo hat, «l'enquête a démontré que son gérant, qui possédait le permis de construire avait conclu une convention avec les services du Centre de contrôle technique de la construction mais n'avait pas tenu compte des réserves émises par cet organisme». On apprend aussi que «l'enquête a révélé également qu'Immo Hat a mis en garde, dans une requête aux services techniques de la commune, contre les risques découlant des travaux engagés sans permis de construire sur le projet mitoyen relevant de Sopiref». Partant de l'ensemble de ces données, «la commission ministérielle a décidé de la démolition immédiate d'un immeuble jouxtant la bâtisse effondrée et relevant de la Sopiref et du retrait de l'agrément du promoteur M'hamed Sahraoui». Tout comme elle a ordonné d'engager une étude pour le confortement des autres immeubles du même projet. Il va sans dire que les services du département ministériel et ceux de la wilaya et de la commune ont aussi leur part de responsabilité dans ce qui venait de se produire. Pour une raison évidente : ils n'auraient pas dû laisser faire le promoteur pendant tous ces mois. Les conséquences auraient été dramatiques si la bâtisse de trois étages s'était effondrée un autre jour que le vendredi. Pire encore si elle était achevée et occupée. K. M.