A l'occasion de la célébration du déclenchement de la Guerre de libération nationale, le 1er novembre 1954, la 21e édition du Salon internationale d'Alger (Sila) convie les visiteurs à plusieurs rencontres, conférences et ventes-dédicaces autour de la thématique de l'écriture de l'histoire. Baptisée «Le rendez-vous de l'Histoire» depuis plusieurs éditions, la journée du 1er novembre est consacrée à l'Histoire de l'Algérie et essentiellement à la Guerre de libération nationale. Pour cette édition, un retour exclusif, soixante ans après, sur 1956, une année décisive dans le douloureux parcours vers l'indépendance. Cette période a été au centre d'une rencontre organisée autour de la thématique «1956, année charnière de la Révolution algérienne». «C'est une année très intense pour la Guerre de libération nationale. En France, le socialiste Guy Mollet au pouvoir finit par adopter les pouvoirs spéciaux et double les effectifs de l'armée coloniale (de 200 000 à 400 000). En Algérie, grève des étudiants algériens le 19 mai, Congrès de la Soummam le 20 août. De même, l'attentat à la bombe de la rue de Thèbes, le 10 août, suivi de la réplique du FLN, bombes contre le Milk Bar et la Cafeteria le 30 septembre. Au niveau international, l'indépendance du Maroc et de la Tunisie, l'arraisonnement de l'avion transportant cinq dirigeants nationalistes et leur arrestation le 22 octobre, la crise de Suez et l'agression contre l'Egypte en novembre», rappellent les organisateurs de la rencontre. Les débats au cours de cette rencontre seront notamment animés par Malika Rahal qui parlera du contexte français, Mohamed Corso, qui abordera les ralliements nationaux, Miloud Brahimi qui parlera de la grève des étudiants, Rabah Lounissi qui abordera la thématique du Congrès de la Soummam, et Me Marie Claude Radziewski qui présentera une conférence sur «Le droit et la justice». Un programme spécial 1er novembre est également initié par l'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep), à la salle El Djazaïr du Sila, à partir de 15h, qui présentera dans le cadre de cette commémoration une rencontre intitulée «Ces moudjahidine, le choix du cœur». Il est souligné qu'«entre le devoir de mémoire et la connaissance des faits historiques, une rencontre sur les militants européens et autres de la Guerre de libération nationale» se pose comme une station nécessaire. Cette rencontre sera animée par l'historien Daho Djerbal et l'universitaire et auteur Rachid Khettab. A travers cette rencontre, l'Anep a décidé de rendre un vibrant hommage aux moudjahidine et chouhada de la Révolution algérienne d'origine européenne, avec notamment un hommage appuyé à la fameuse moudjahida des Aurès, Zohra l'Allemande. Cette grande dame est montée au maquis aux côtés de son mari à l'âge de 17 ans. Après l'indépendance, elle a poursuivi son métier de sage-femme jusqu'à son départ en Allemagne. Par ailleurs, le public a rendez-vous avec de nombreuses ventes-dédicaces notamment au stand des éditions Anep, avec l'auteure Souhila Amirat qui présentera aux lecteurs, toutes générations confondues, la traduction en arabe de P'tit Omar, la révolution dans le cartable, un livre hommage à la jeunesse algérienne, un récit poignant sur ce jeune martyr de 9 ans qui a sacrifié son enfance pour la libération de la patrie. Aux éditions Casbah, plusieurs ventes-dédicaces sont également organisées, dont celles d'Abdelouaheb Guedmani qui présente son ouvrage Parcours d'un combattant de la libération, de Mohamed Azouzi qui signera son livre la Chance de survivre et le livre-témoignage de Messaoud Djennas la Guerre de libération nationale telle que je l'ai vécue. Saïd Sebaoun, représentant des éditions Casbah, souligne que les éditions publient pratiquement chaque mois de nouveaux ouvrages abordant différentes thématiques, dont l'écriture de l'histoire notamment celle de la guerre de libération nationale. «Il y a un lectorat très important, surtout parmi la nouvelle génération de lecteurs qui nous ont demandé de traduire en arabe des titres déjà publiés en français», dira-t-il, ajoutant qu'il y a un grand intérêt des lecteurs pour les ouvrages sur la guerre de libération et les témoignages. «Pour cette année, nous proposons au moins une trentaine de titres, concernant tout ce qui est mémoires et témoignages sur la guerre de libération, surtout les témoignages de personnages connus mais également moins connus. On essaye de donner la parole à tous ceux qui ont un témoignage à apporter sur notre histoire commune», indique M. Sebaoun. «Nous accompagnons cet intérêt des lecteurs avec une très grande attention porté sur la qualité des ouvrages que nous proposons, que cela soit sur la forme ou sur le contenu», ajoutera-t-il. Pour sa part, la responsable éditoriale des éditions Chihab, Saïda Kennouz, souligne que l'entreprise «a toujours la même démarche d'apporter un soin particulier au livre abordant l'écriture de l'histoire de la Guerre de libération nationale en proposant à chaque fois des nouveautés». Elle ajoute qu'il y a des ouvrages qui continuent à connaitre un grand succès surtout les mémoires à l'instar de ceux de Zohra Drif, mais également les parcours de militants dont les responsables de wilayas durant la guerre. La responsable confirme qu'il y a une forte demande, sur les ouvrages historiques notamment et sur la traduction des ouvrages vers l'arabe. Et la maison d'édition a répondu à la demande avec la présentation, cette année, de la traduction en arabe de l'ouvrage Abbes Laghrour du militantisme au combat. Mme Kennouz, précise que «les témoignages et écrits sur la mémoire suscitent toujours l'intérêt auprès des lecteurs Mais c'est également intéressant pour les chercheurs qui ont des matériaux sur lesquels travailler. Mais nous avons senti qu'il y a aussi une demande de la part des lecteurs d'aller plus en profondeur dans l'histoire de l'Algérie et d'aborder d'autres aspects de la résistance du peuple algérien face au colonialisme. C'est dans cet esprit que nous avons proposé de nouveaux ouvrages qui vont dans ce sens à l'exemple de celui d'Abdelkrim Badjaja intitulé la Bataille de Constantine 1836-1837 et un essai intitulé Défis démocratiques et affirmations nationale : Algérie 1900-1962 signé par un collectif de chercheurs algériens et français en l'occurrence Afifa Berrehi, Nadjet Khadda, Christian Pheline et Agnes Spiquel». «Aujourd'hui, l'intérêt se fait de plus en plus sentir chez les lecteurs de trouver des ouvrages de spécialistes et historiens. Il est temps que nos chercheurs s'investissent dans cette écriture de l'histoire», conclut la responsable. S. B.