Elles ont la réputation de s'enrichir sur le dos des malades. Semblant assurées de la place qu'elles occupent dans le domaine de la santé par rapport aux établissements hospitaliers du secteur public, les cliniques privées dégagent l'image d'infrastructures qui font du gain leur préoccupation majeure. Une image désolante qui a fini par s'imposer dans les esprits, assimilant les cliniques privées à des structures qui «charcutent» les patients, dans tous les sens du terme, avant de les orienter vers le secteur public, lorsqu'il y a complication. On en paie pourtant le prix fort. Découragés par la situation des hôpitaux du pays, nombreux sont ceux qui se dirigent vers le secteur privé pour y subir des soins ou une intervention chirurgicale, surtout lorsque la maladie dont on souffre paraît sérieuse. Ce n'est pas tant parce qu'on en possède les moyens, mais plutôt pour de meilleures chance de guérison, quitte à s'endetter. Le résultat n'est pas toujours une réussite, la déception s'est imposée quant au sérieux de ces infrastructures privées. Mais, par souci d'honnêteté, il faut reconnaître qu'il en existe qui se font un devoir de mériter la confiance des malades qui y recourent. Chez certaines équipes qui choisissent d'œuvrer dans le domaine de la santé en dehors du cadre étatique, on le constate, le souci de rentabilité n'exclut pas celui de soulager et de guérir. Il ne faut pas se leurrer quant au désir de ces médecins de faire fructifier leur investissement dans la santé, ou plutôt dans la maladie. Il est clair que ce créneau, laissé vacant par la sclérose qui a atteint les hôpitaux, est porteur. Mais la volonté de ces équipes d'enrayer la maladie, et de réussir dans leur mission de guérir est un challenge qu'elles s'efforcent d'accomplir chaque jour. Ce n'est pas le cas dans les infrastructures hospitalières où l'anarchie a atteint son comble. L'absence d'équipements et de moyens spécifiques revient depuis de longues années, comme un leitmotiv. Ce n'est un secret pour personne, les médecins et le personnel paramédical le répètent à qui veut l'entendre, tout comme ils brandissent régulièrement des revendications socioprofessionnelles qui, faute d'être satisfaites, ont fini par les démotiver et leur faire baisser les bras. Beaucoup d'entre eux préfèrent opter pour leur intérêt matériel, notamment les médecins spécialistes qui désertent le secteur public, l'appauvrissant davantage en moyens humains. La surcharge est un autre problème propre aux hôpitaux des grandes villes qui souffrent de l'affluence des malades des régions déshéritées du pays. En un mot, le mal est profond. La réforme qui devrait mettre un terme à cette situation de mort lente du secteur public tarde à se concrétiser. Beaucoup de mesures ont été annoncées, dont la nouvelle carte sanitaire censée réorganiser totalement les infrastructures hospitalières et les rendre performantes. Son application se faisant de manière trop lente, les résultats ne semblent pas pour demain. Une autre mesure qui devrait donner une autonomie financière à ces mêmes infrastructures n'est pas encore effective. Quant aux centres de proximité, les dispensaires et les polycliniques n'ont fait pour le moment que changer d'appellation. R. M.