Les pouvoirs publics seront, dorénavant, très regardants sur les prestations des cliniques privées. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat, compte sévir contre les cliniques privées qui n'ont d'yeux que pour le pécule. «Les pouvoirs publics seront, dorénavant, très regardants sur les prestations des cliniques privées», a indiqué hier M.Barkat, lors de la visite d'inspection et de travail effectuée hier dans la wilaya de Tizi Ouzou. Réagissant au constat du directeur de la santé publique (DSP) de cette wilaya, selon lequel «la majorité des cliniques privées, au nombre de neuf ouvertes à Tizi Ouzou dans le sillage de la réforme hospitalière, versent dans des activités lucratives telles que la gynécologie obstétrique et la chirurgie générale», le ministre a insisté sur «l'impérative nécessité de conscientiser et moraliser la pratique médicale au niveau de ces cliniques devant se doter de leurs propres médecins, plutôt que de se contenter de conventions avec les hôpitaux publics pour s'offrir les services de spécialistes». «Il n'est pas interdit de s'enrichir, mais à condition de respecter la science», a-t-il ajouté, et de poursuivre, fermement: «La réglementation sera appliquée dans toute sa rigueur». Au CHU de la ville de Tizi Ouzou, le ministre s'est, notamment intéressé au service des urgences où il a eu à constater une saturation des capacités d'accueil. Il a, à cet effet, amené à recommander l'installation, au niveau de cette structure, d'un centre de tri des malades, ainsi que «l'adoption d'un schéma d'évacuation progressive» de ces derniers, selon le degré de gravité et la norme de la hiérarchie des soins. Dans ce contexte, le directeur général de cette institution hospitalière a indiqué que «93% des évacués aux urgences du CHU ne méritent pas vraiment ce caractère et peuvent être pris en charge aisément au niveau des paliers inférieurs de proximité». Toujours au niveau du CHU, le ministre de la Santé s'est attardé au service des admissions pour s'enquérir des conditions de mise en application de la contractualisation induite par la réforme hospitalière, devant entrer en vigueur à partir de l'année prochaine. A la nouvelle ville de Tizi Ouzou, le ministre a inspecté un projet de réalisation d'une nouvelle polyclinique où il a insisté sur l'impératif du respect de délai de la livraison de cette structure, prévue pour octobre prochain. A sa concrétisation, cette unité de soins de base sera d'un grand apport pour décongestionner les deux polycliniques de la ville de Tizi Ouzou comptant plus de 130.000 habitants. Auparavant, M.Barkat s'est rendu à l'établissement hospitalier spécialisé dans la psychiatrie, à vocation régionale et doté de 330 lits. Sur place, il a requis aux responsables en charge de la gestion de cette structure de «se préoccuper davantage des conditions d'accueil et de séjour des pensionnaires, par une humanisation accrue du service, bannissant des pratiques moyenâgeuses, tel que le barreaudage». Lors de ce passage à Tizi Ouzou, le ministre a eu à constater que le secteur de la santé manque terriblement d'infrastructures. A Oued Aïssi, M Barkat s'est rendu à l'hôpital psychiatrique, Fernane-Hanafi, où il a écouté un exposé détaillé sur cet établissement qui coiffe plusieurs wilayas, à savoir Bouira, Boumerdès, Béjaïa et Tizi Ouzou. Au Centre hospitalo-universitaire Mohammed Nedir de Tizi Ouzou, les responsables ont soulevé, pour le ministre de la Santé, le problème de la saturation du bloc des urgences. Selon le directeur de l'établissement, 98% des cas accueillis ne méritent pas une intervention car ils ne sont pas réellement graves. C'est pourquoi, il a été dressé un bureau à l'entrée pour le tri des cas. En fait, si les citoyens se rendent directement au CHU Nedir, c'est pour une raison que ces derniers n'ont pas soulevée. Les 268 salles de soins et les 57 polycliniques parsemées à travers la wilaya, souffrent d'un manque d'encadrement.