"Menacer" l'accord entre l'UE et la Turquie sur les migrants "n'avance à rien", a déclaré hier la porte-parole de la chancelière Angela Merkel, juste après la menace du président turc Recep Tayyip Erdogan d'ouvrir les frontières aux migrants voulant se rendre en Europe. "Nous considérons l'accord entre la Turquie et l'Union européenne comme un succès commun, et la poursuite de cet accord est dans l'intérêt de tous les acteurs (...). Des menaces des deux côtés n'avancent à rien", a déclaré Ulrike Demmer. Le président turc a menacé hier d'ouvrir les frontières pour laisser passer les migrants voulant se rendre en Europe, au lendemain du vote par le Parlement européen d'une résolution non contraignante demandant le gel des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE. "Lorsque 50 000 migrants se sont amassés au poste-frontière de Kapikule (à la frontière turco-bulgare), vous avez crié à l'aide. Vous avez commencé à vous demander : Que ferons-nous si la Turquie ouvre ses frontières ?", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Istanbul. "Ecoutez-moi bien. Si vous allez plus loin, ces frontières s'ouvriront, mettez-vous ça dans la tête", a-t-il ajouté alors que la Turquie compte 2,7 millions de réfugiés syriens sur son sol. L'accord controversé sur les migrants entre la Turquie est l'UE, dont Mme Merkel a été la principale instigatrice, a permis de considérablement réduire l'afflux migratoire qui a conduit à l'arrivée en Allemagne de près de 900 000 demandeurs d'asile. La réouverture des frontières turques pourrait provoquer une nouvelle crise alors que l'Europe reste très divisée sur l'accueil à réserver aux migrants fuyant notamment l'Irak, la Syrie et l'Afghanistan. Les relations entre l'UE et la Turquie se sont dégradées depuis le coup d'Etat avorté de juillet, qui a été suivi de purges d'une ampleur inédite qui ont notamment visé des opposants politiques kurdes et des médias critiques. Les relations bilatérales germano-turques sont "difficiles", a ainsi admis vendredi Sawsan Chebli, porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères. Du vote en juin d'une résolution des députés allemands condamnant le "génocide" arménien en 1915 par les Turcs à la diffusion au printemps dernier d'une satire télévisée contre M. Erdogan à la télévision publique allemande, les sujets de friction se sont multipliés ces derniers mois entre les deux pays. R. I./Agences