Ajouté à la baisse rapide des coûts, le ralentissement du développement des énergies renouvelables en Chine et au Japon en 2016 entraîne une baisse des investissements au niveau mondial. Signe d'une nouvelle maturité, l'éolien offshore fait exception. C'est le seul secteur des énergies renouvelables dont les investissements de l'année 2016 se sont accrus en 2016 : l'éolien offshore. Essentiellement en Europe, notamment avec le feu vert accordé au parc de Hornsea au large des côtes britanniques, pour une puissance de 1,2 gigawatt (GW) et un investissement de 5,7 milliards de livres (6,48 Mds d'euros) mais aussi en Chine. Au total, l'éolien offshore a mobilisé près de 30 Mds de dollars, en hausse de 40% par rapport à 2015. A elle seule, l'Europe a attiré 25,8 milliards de dollars (24,35 Mds d'euros) contre 4,1 Mds de dollars pour la Chine, tandis que de nouveaux marchés émergent en Amérique du Nord et à Taïwan. Cette progression reflète une certaine maturité du secteur, notamment en termes de compétitivité, de fiabilité et de performance. Elle est d'autant plus remarquable qu'elle s'inscrit dans un contexte de baisse globale des investissements dans les renouvelables, à 287,5 milliards de dollars (271,4 Mds d'euros), en recul de 18%. Cette chute s'explique en partie par la poursuite d'une forte baisse des coûts des équipements. D'ailleurs, les capacités installées dans le solaire ont été plus importantes en 2016 qu'en 2015 (70 GW contre 56 GW), malgré des investissements en baisse de 32% à 116 Md d'euros. En revanche, le marché mondial de l'éolien est passé de 63 GW à 56,5 GW, pour un investissement en recul de 11%. Mais cette baisse globale des investissements, toutes énergies renouvelables confondues, s'explique essentiellement par les ralentissements observés en Chine (-26% par rapport au record de 2015) et au Japon (-43%). Sur le premier marché mondial des renouvelables, qui a connu une croissance exponentielle ces dernières années, l'heure est à l'investissement dans les réseaux et à la réforme du marché de l'électricité, indispensable pour que les capacités déjà installées puissent être exploitées au mieux, alors qu'une partie de leur production est aujourd'hui perdue. Au Japon, à la géographie difficile, la croissance viendra demain des installations solaires résidentielles, boostées par des conditions favorisant l'autoconsommation, plutôt que des grandes centrales au sol. Ces deux marchés, qui pèsent 47% du marché mondial, expliquent un recul des investissements de 26% pour la zone Asie-Pacifique. Ils ont également reculé en Afrique du Sud, au Chili, au Mexique, au Brésil... Dans la plupart des pays émergents, la majeure partie des projets ayant remporté les enchères au cours de l'année ne sont pas parvenus à boucler leur financement avant fin 2016. L'Europe en revanche a vu ses investissements augmenter légèrement (3%) en 2016, à près de 71 Mds de dollars, un phénomène largement dû à la bonne tenue de l'éolien offshore, aujourd'hui concentré en Europe. Dès lors, rien d'étonnant si le Royaume-Uni mène la danse sur le Vieux Continent (25,9 Mds de dollars), ou plutôt dans ses eaux, suivi par l'Allemagne (15,2 Mds de dollars). Avec 3,9 Mds de dollars (en baisse de 5%), la France arrive en troisième position. Les professionnels du secteur se félicitent du redémarrage de la filière éolienne, avec 45% de hausse des capacités installées. Malgré cela, le pays n'est toujours pas sur la trajectoire qui doit lui permettre d'atteindre ses objectifs (23%) fixés dans le cadre du paquet climat-énergie décidé par l'Union européenne en 2008. Il faudrait pour cela que le rythme d'installation de nouvelles capacités entre 2015 et 2020 soit deux fois supérieur à celui observé entre 2005 et 2014. Globalement, comme l'a rappelé le directeur général de l'Irena (Agence internationale des énergies renouvelables), Adnan Amin dimanche 14 janvier lors de l'Assemblée générale, pour respecter les objectifs climatiques arrêtés lors de la COP21, les investissements dans les énergies renouvelables doivent au moins tripler pour atteindre environ 900 Mds de dollars (845 Mds d'euros) par an d'ici à 2030. D. P. In latribune.fr