Soucieux de créer des liens entre différentes communautés, le festival veut aussi se rendre accessible aux personnes à faible revenu en proposant des places vacantes à 50% du prix, ainsi qu'aux réfugiés Le bal des prestigieux festivals de cinéma européens a débuté, jeudi passé, avec l'ouverture de la 67e édition du Festival international du film de Berlin (Berlinale), qui sera suivi dans les prochains mois par les festivals de Canne et de Venise. La programmation de cette année confirme encore une fois la volonté des organisateurs de mettre à l'affiche des œuvres qui sont le reflet du monde d'aujourd'hui avec un certain engagement politique ou artistique. Cette 67e édition sera marquée par la compétition de 18 films entre courts métrages, longs métrages et documentaires pour décrocher la plus haute distinction de la Berlinale. L'édition 2017 s'est ouverte jeudi passé avec la projection du long métrage «Django», biopic consacré au célèbre guitariste de jazz Django Reinhardt, interprété par Reda Kateb. Ce premier long métrage du scénariste Etienne Comar est en compétition pour l'Ours d'Or qui sera décerné cette année par le jury présidé par le réalisateur Paul Verhoeven. Tel un rappel sur l'histoire des persécutions communautaires, le long métrage aborde l'une des périodes les plus sombres de l'existence du musicien. En 1943, alors que Paris est occupée par les troupes allemandes, le guitariste est contraint de fuir la ville pour échapper aux persécutions dont fait l'objet sa communauté, «manouche». Dieter Kosslick, directeur de la Berlinale, a déclarée que «le film montre de façon captivante un chapitre émouvant de sa vie» et constitue «une histoire bouleversante de survivant. La menace constante, sa fuite et les atrocités effroyables commises contre sa famille ne l'ont pas empêché de continuer à jouer». Lors de la conférence de presse officiel, les différents médias rapportent que le directeur Dieter Kosslick a déclarée qu'il était «Très remonté contre le président dont tous les médias parlent toute la journée, mais que je ne veux pas nommer». C'est dans cette esprit qu'il a ouvert la conférence de presse avec quelques lignes du poète et chanteur engagé Wolf Biermann: «Ne te laisse pas endurcir en ces temps durs, ne te laisse pas aigrir en ces temps amers, ne te laisse pas effrayer en ces temps de frayeurs, tu as besoin de nous et nous de ta sérénité.» Par ailleurs, des œuvres des Etats-Unis, du Mexique et d'Espagne, entre autres, seront projetées hors compétition dans la section «Berlinale Special». L'Algerie sera présente avec le documentaire fiction Tahqiq fel djenna (Enquête au Paradis), dernière œuvre du réalisateur algérien Merzak Allouache, programmé dans la sélection «Panorama», une des sections non compétitives destinée à la promotion de nouvelles productions, rapporte l'APS. «Tahqiq fel djenna» sorti en 2017, a été primé récemment au 30e Festival international des programmes audiovisuels (Fipa) de Biarritz en France. Les organiseurs soulignent également sur leur site que soucieux de créer des liens entre différentes communautés, le festival veut aussi se rendre accessible aux personnes à faible revenu en proposant des places vacantes à 50% du prix, ainsi qu'aux réfugiés. Les médias rappellent que l'année passée une série d'activités avait été mise en place avec les réfugiés, dont le succès leur vaut d'être reconduites cette année: cours de cinéma pour enfants victimes de persécutions ou violences, programmes de mentorat, projections gratuites, sans oublier les petites boîtes de dons, placées un peu partout dans les endroits stratégiques du festival. Au final, fidèle à son engagement de refléter le monde, le directeur de la biennale a expliqué à propos de la programmation de cette 67e édition que «lorsque nous élaborons un programme, nous avons souvent l'impression que les cinéastes anticipent les mouvements du monde. Mais le plus important est qu'ils décrivent ce quotidien apocalyptique avec humour et surtout en ouvrant des perspectives.» Si leurs thématiques sont souvent difficiles, les films n'ont donc pas vocation à désespérer le spectateur. Plutôt à lui ouvrir les yeux, à lui donner confiance et courage pour résister aux affres du réel». Dieter Kosslick, estime également à ce sujet que «rarement un programme n'a aussi bien capturé en images la situation politique actuelle. Peut-être que les histoires de personnages forts et les idées d'artistes exceptionnels doivent prendre le pas sur les grandes utopies». S. B./Agences